Depakine : Sanofi empoisonneur et pollueur22/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Depakine : Sanofi empoisonneur et pollueur

« À l’instar de ceux de Mélanie, des centaines d’enfants ont probablement été intoxiqués par la Depakine dans la région de Mourenx. » C’est le cri lancé par l’association d’aide aux victimes de la Depakine.

Or Mélanie n’a jamais pris de Depakine. Son seul tort est de travailler à deux pas de la cheminée de l’usine Sanofi qui, à Mourenx dans les Pyrénées-Atlantiques, fabrique ledit médicament.

L’histoire remonte à 1967, quand la Depakine, médicament contre l’épilepsie, est mise sur le marché. Dès les années 1980, des études montrent le risque de graves malformations neurologiques chez les enfants dont la mère est traitée avec ce médicament pendant la grossesse, puis mettent en évidence le risque de troubles du développement intellectuel. Qu’importe, il faut attendre 2006 pour que la notice du médicament déconseille son utilisation pendant la grossesse ; 2014 pour qu’elle indique clairement la gravité et la fréquence des risques encourus et, enfin, 2018 pour qu’apparaisse un pictogramme interdisant ce médicament aux femmes enceintes.

Pendant des années, des milliers de femmes ont donc continué à suivre pendant leur grossesse un traitement dont on connaissait pertinemment les risques et ont mis au monde des enfants souffrant de malformations et de graves troubles du développement. Tout cela pour continuer à vendre des boîtes, le maximum de boîtes.

Quand, grâce au courage et à la détermination des parents, Sanofi a été condamné à verser quelques indemnités à quelques victimes, il a fui sa responsabilité et a nié. Ses bataillons de conseillers juridiques et d’avocats ont fait durer et même réussi à faire payer l’État, toujours là pour épargner les grands groupes industriels.

Aujourd’hui, une plainte est donc déposée par une mère de famille pour mise en danger de la vie d’autrui. Celle-ci n’a jamais pris ni un comprimé ni une goutte de Depakine, mais ses deux enfants souffrent des mêmes troubles que ceux qui ont été exposés à ce médicament. Les rejets de fabrication du produit dans l’environnement valent manifestement son absorption.

Le problème n’est pas nouveau. En 2018, un rapport révélait que l’usine de Mourenx rejetait du bromopropane, un des composants chimiques entrant dans la composition de la Depakine et classé cancérogène, mutagène et reprotoxique par l’OMS, à des niveaux jusqu’à 190 000 fois supérieurs au taux autorisé. Si l’usine était alors fermée pour des travaux de maintenance, rien n’était évoqué quant aux menaces pesant sur la santé des salariés. Quelques mois plus tard, des prises de sang révélaient que onze des salariés de l’usine avaient des traces d’acide valproïque, le principe actif de la Depakine, dans le sang. Mais depuis, rien ne s’est passé.

Pour le champion milliardaire de l’industrie pharmaceutique, la santé et la vie des salariés et des riverains ne valent pas plus cher que celle des patients.

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