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Leur société
Violences faites aux femmes : les révéler ne suffit pas
Selon le rapport annuel publié par le ministère de l’Intérieur, le nombre de plaintes déposées par des victimes de violences conjugales a doublé en six ans, passant de 121 256 en 2016 à 244 301 en 2022, la Seine-Saint-Denis restant le département où elles sont les plus nombreuses.
Sachant cependant que trois femmes sur quatre ont peur de révéler qu’elles sont battues par leur conjoint, c’est à environ un million par an qu’il faudrait estimer le nombre de victimes. Cela ne signifie pas forcément un accroissement des violences, même si ce n’est pas à exclure, mais plus vraisemblablement que les femmes osent plus qu’avant révéler les sévices qu’elles subissent.
Quelques progrès ont été faits dans les commissariats en matière d’écoute, ne serait-ce qu’en formant un peu mieux les policiers chargés de recevoir les victimes et en faisant plus largement appel à des policières. En outre, nombre d’associations, de travailleurs sociaux, de tribunaux, etc., travaillent à redonner confiance aux victimes.
Si porter plainte contre cette violence est déjà un pas, cela ne met pas pour autant les femmes battues en sécurité. Car, une fois la plainte déposée, reste la peur d’avoir à rentrer chez soi faute de refuges en nombre suffisant ; le téléphone « grave danger », qui alerte la police pour qu’elle intervienne vite, n’est pas délivré immédiatement et même si l’auteur des sévices est sous le coup d’une ordonnance censée lui interdire d’approcher sa victime, rien ne l’empêche de le faire. L’exemple de Chahinez, brûlée vive par son mari en pleine rue à Mérignac en mai 2021, rappelle, s’il en était besoin, l’insuffisance de ces mesures quand on a affaire à des brutes meurtrières éduquées dans le mépris envers les femmes.