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Contrôle aérien : la loi antigrève passe mal
Le gouvernement et la droite viennent de faire adopter une loi qui oblige les contrôleurs aériens à se déclarer grévistes au moins 48 heures avant de faire grève.
Cette mesure s’ajoute à l’obligation d’assurer un service minimum qui s’imposait déjà à eux en tant que salariés d’un service public, puisqu’ils relèvent de la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), donc de l’État.
Comme de coutume lorsque les gouvernants préparent un mauvais coup contre des travailleurs, et pas seulement du service public, cette loi a été présentée en prétendant qu’elle assurerait aux usagers un « service minimum adapté » avec la mise en place d’un système « protecteur et d’équilibre », selon les mots du rapporteur macroniste de la loi et de Clément Beaune, ministre des Transports.
En fait de protection, c’est d’abord celle des profits des compagnies dont il s’agit. Car ils ont beau dépasser tous les records, quand les contrôleurs font grève, de nombreux vols doivent être annulés pour des raisons de sécurité, d’autres accusent des retards importants, et cela a un coût pour le patronat du secteur. Celui-ci attendait donc du gouvernement et des parlementaires qu’ils l’aident à maintenir son taux de profit en cas de grève et il n’a pas caché sa joie dès l’adoption de cette loi.
Ainsi, la FNAM (Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers) a aussitôt publié un communiqué où elle se félicitait de cette loi en soulignant que, depuis septembre 2022, il y a eu « plus d’une quarantaine de journées de grève » des contrôleurs aériens, notamment contre la réforme des retraites, ce qui aurait coûté aux exploitants du secteur aérien 8 millions d’euros en moyenne par jour au titre des vols annulés et 6 autres millions du fait des retards.
Le gouvernement et les parlementaires qui servent lesdits exploitants ont donc pris cette mesure contre les contrôleurs aériens. Elle leur impose une restriction du droit de grève qui s’applique déjà, avec la loi Diard, aux salariés des transports (RATP, SNCF, etc.) en général, et en particulier à ceux des entreprises du transport aérien de passagers qui concourent directement à la réalisation des vols.
Cette loi antigrève, promulguée en 2012 sous Sarkozy, la gauche l’avait alors critiquée, laissant entendre qu’elle l’abrogerait si elle revenait aux affaires. Hollande et son ministre de l’Économie Macron n’en ont rien fait, évidemment.
Les « aiguilleurs du ciel », eux, ont réagi comme il convenait à cette attaque. Lundi 20 novembre, ils ont cessé le travail, sans déposer de préavis individuels. Et même si le syndicat majoritaire de leur profession, SNCTA, approuve la loi et n’appelait donc pas à la grève, celle-ci a provoqué l’arrêt complet de plusieurs petits aéroports en province, des annulations de vols de 20 % à Orly, Bordeaux, Toulouse, Marseille, notamment, et des retards conséquents même pour les vols qui ont pu être assurés.