Restos du Cœur : plus de besoins, moins de moyens22/11/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/11/P3-1_restos_du_coeur_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C173%2C450%2C427_crop_detail.jpg

Leur société

Restos du Cœur : plus de besoins, moins de moyens

En ouvrant mardi 21 novembre la 39e campagne d’hiver des Restos du Cœur, leur président a averti que 150 000 personnes au moins ne pourraient plus bénéficier de l’aide alimentaire, dont elles ont pourtant un cruel besoin.

Illustration - plus de besoins, moins de moyens

En effet, la hausse des prix, alors que les salaires, les pensions et allocations sont bloqués, augmente auto­matiquement le nombre de ceux qui ont recours aux Restos du cœur et aux autres associations pour manger à leur faim. Mais l’inflation limite également les achats que peuvent faire les associations et les dons des particuliers. Les Restos du cœur avaient ainsi sonné le rappel en septembre pour trouver les 35 millions d’euros manquant pour boucler leur budget 2023. Ils sont désormais contraints de diminuer le nombre de repas hebdomadaires offerts à tel ou tel bénéficiaire et de dire à des familles qu’elles n’ont plus droit aux colis, alors même que leur situation n’a pas changé.

Mères célibataires, retraités aux pensions de misère, travailleurs précaires, intermittents du chômage, jeunes courant après les heures de travail, étudiants sans le sou, familles ouvrières ne pouvant finir le mois avec un seul et très léger smic, accidentés du travail rejetés par la machine à profit, le public des Restos du cœur s’élargit sans cesse, reflet de la dégradation des conditions de vie de toute la classe travailleuse.

Sous la rubrique « aide aux banques alimentaires », le budget de l’État inscrit 150 millions d’euros par an. Le Sénat a voté lundi 20 novembre une rallonge de 30 millions. La famille Arnault, une des plus riches au monde si ce n’est la plus riche, a spectaculairement fait un chèque de 10 millions d’euros en septembre. Tout ce monde, gouvernement en tête, assure faire son possible pour lutter contre la misère et aider les nécessiteux, au moins ceux qui, selon eux, le méritent. Et d’étaler une liste de mesurettes, d’aides chichement distribuées assorties de mesures contraignantes, de contrôles tatillons et de conditions humiliantes. Avec tout cela, la situation des pauvres irait s’améliorant sans cesse. Si ces derniers ne s’en aperçoivent pas, c’est qu’ils manquent de culture pour apprécier les statistiques officielles que les ministres viennent commenter à la télévision.

Ces affirmations révoltantes appellent comparaison : le ministre des Armées patronne un programme de missiles à 120 millions pièce et le seul tir du 18 novembre a coûté plus que le déficit annuel de toutes les associations d’aide alimentaire. Les 30 millions votés par le Sénat comme les 150 du budget de base sont une goutte d’eau en regard des 160 milliards d’euros versés chaque année aux entreprises privées pour conforter leurs bénéfices ou aux 50 milliards du budget militaire. Les dix millions de la famille Arnault représentent 0,005 % de sa richesse.

Le dévouement des bénévoles n’arrivera pas à endiguer une misère créée par le fonctionnement même de l’économie capitaliste. L’État ne peut ni ne veut y remédier, tout dévoué qu’il est aux intérêts des seuls possédants. Ne serait-ce que pour parer au plus pressé, il faut prendre tout de suite dans les caisses des capitalistes, contre leur gré, contre leurs politiciens et contre leur appareil d’État.

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