Ce dernier y martèle la nécessité de ce qu’il appelle une montée en puissance : selon lui, les États européens doivent urgemment se doter d’un appareil militaire capable d’engager un conflit massif. Il loue l’ex-président Hollande, qui aurait le premier mis fin aux restrictions budgétaires dans l’armée française, et salue le « net engagement » du président Macron, qui aurait été le premier chef d’État européen à décider ladite montée en puissance. Il est vrai que Macron a impulsé deux lois historiques de programmation militaire : 295 milliards d’euros pour 2019-2025 puis 413 milliards pour 2024-2030. Lecointre se réjouit également de l’augmentation du nombre de réservistes, de 50 000 à 100 000 d’ici 2030.

Mais tout cela ne suffit pas au général. Il déplore que la remontée en puissance « ne fasse pas pour autant de la France une nation et une armée prêtes à s’engager, dans les trois mois, dans une guerre de type Ukraine ». Et surtout, il déplore que la population ne soit pas préparée à la possibilité d’une guerre. Selon lui, il incombe aux dirigeants politiques de « faire comprendre à l’opinion publique que la situation a atteint un niveau de gravité nécessitant de basculer nos efforts et nos investissements dans d’autres domaines que ceux du bien-être, du social ».

Pour rallumer la flamme guerrière dans les cœurs, il cite le poète réactionnaire Paul Claudel, qui affirmait que « la jeunesse est faite pour l’héroïsme ». Héroïsme qu’il propose d’orienter vers la défense de la patrie, évoquant le bon temps de la Première Guerre mondiale, présentée comme « l’élan vital d’une société pour se défendre, pour défendre une culture, un pays, une façon d’être ».

Alors que la guerre économique fait rage et menace l’humanité d’une nouvelle guerre mondiale, les états-majors demandent aux responsables politiques de préparer les populations à s’entretuer pour les intérêts de leurs exploiteurs. Les travailleurs doivent eux aussi se préparer à défendre leurs intérêts de classe.