SNCF : À Paris Saint-Lazare, le progrès… à reculons22/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : À Paris Saint-Lazare, le progrès… à reculons

Un nouveau logiciel de programmation des journées de travail des conducteurs de train a été mis en place fin octobre sur le secteur de banlieue de Saint-Lazare. Des hauts cadres ont désigné volontaires les travailleurs concernés pour ce qui se veut « site pilote » pour le développement de ce logiciel destiné, à échéance, à l’ensemble de la SNCF.

Ce logiciel appelé Orion est censé concevoir les journées de travail des conducteurs et les envoyer vers un autre logiciel, nouveau lui aussi : Self-Service. Normalement, il serait possible de consulter sa journée de travail sur ce « self-service », et de voir l’heure, le lieu et sur quel type de matériel elle va se dérouler. Il serait également possible d’y poser ses congés, de consulter son compte-épargne temps, etc. Dans les faits, la réalité est tout autre.

La direction rêve de voir plus tard le logiciel « gérer » les conducteurs, les rames et les sillons disponibles à l’instant T. Sur la région, cela concerne près de 700 conducteurs pour environ 1 100 trains par jour. Dans le cahier des charges fourni par la direction aux concepteurs du logiciel censé répondre à cette tâche complexe, les conditions de travail des cheminots n’ont pas pesé lourd.

Le résultat est à la hauteur du mépris des hauts cadres. Le logiciel n’est pour le moment pas capable de traiter les données nécessaires pour que les « gestionnaires de moyens », dont c’est le métier, puissent retravailler les journées de service. Les multiples bugs et la lenteur d’exécution du logiciel rendent leur tâche très énervante et inefficace. Ils passent des journées au téléphone pour gérer les problèmes générés par le nouveau logiciel, sous la pression permanente de la hiérarchie. Les problèmes étant nombreux, les appels ne peuvent être tous traités et les conducteurs à l’autre bout du fil doivent patienter de longues minutes, pendant leur temps libre, à l’écoute d’une musique d’attente insupportable.

De plus, la direction a réorganisé l’an dernier le service des gestionnaires de moyens. Elle a notamment supprimé les liens directs, pourtant essentiels, qu’ils avaient avec les conducteurs. Au passage, elle a supprimé également une partie des postes et une part importante des primes mensuelles. La direction pousse désormais aux heures supplémentaires.

Du côté des conducteurs, les journées sont difficiles à consulter car les logiciels Orion et Self-Service ne communiquent pas bien. C’est d’autant plus problématique qu’Orion modifie les journées prévues initialement. En fait, des trains sont surtout ajoutés aux journées qui se retrouvent donc plus chargées.

Le logiciel prévoit aussi en effet des début ou des fins de journée à des endroits imprévus, ce qui empêche les cheminots d’effectuer ces journées. Enfin, cerise sur le gâteau, les congés refusés ne sont pas recrédités, et les primes sur les trajets effectués sont mal calculées.

Malgré cette situation, le directeur s’est permis d’envoyer un courrier aux cheminots concernés pour dire que tout marche globalement bien… Tellement bien que des conducteurs se sont déjà réunis début novembre pour protester auprès de la direction ! Un débrayage a eu lieu mardi 21 novembre et un autre a été voté pour le jeudi 30.

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