Bangladesh : la lutte courageuse des travailleurs du textile22/11/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/11/2886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Bangladesh : la lutte courageuse des travailleurs du textile

Au Bangladesh, les ouvriers du textile ont repris le travail le 13 novembre après trois semaines de grève, sans avoir obtenu l’augmentation de salaire demandée.

Alors que les travailleurs réclamaient un salaire minimum équivalent à 190 euros, contre 70 euros actuellement, le gouvernement l’a limité à 104 euros.

Ce résultat est loin de faire le compte face à l’inflation qui frappe la population. La présidente de la fédération des travailleurs du textile le rappelle : « depuis 2018 [année de la dernière augmentation], beaucoup d’aliments ont augmenté de 150 à 200 %. Tout ce qui constitue la base de la nourriture des ouvriers a doublé, comme les oignons, le riz, les lentilles. Les ouvriers ne peuvent vivre que vingt jours et, le reste du mois, ils vivent à crédit. »

La répression a été sévère, et ce dès le début du mouvement. Quatre ouvriers au moins ont été tués par la police, 140 arrêtés, ainsi que des militants syndicaux, et 10 000 ouvriers font l’objet de poursuites. Les menaces de licenciement planent sur les travailleurs qui ne retourneraient pas dans leur usine, et la Première ministre du pays s’en est servie pour leur enjoindre de reprendre le travail. Voyant cela, le principal dirigeant syndical, Babul Abker, a appelé à cesser le mouvement.

Le fait que le gouvernement tranche le conflit entre ouvriers et patrons du textile n’a rien d’étonnant. Déjà, plusieurs de ces derniers sont soit ministres, soit députés du parti majoritaire, mais surtout l’industrie textile représente à elle seule 85 % des 55 milliards de dollars des exportations annuelles, à destination des grandes marques occidentales de vêtement. Pas plus que les industriels bangladais, celles-ci ne souhaitent voir les salaires augmenter au risque de rogner leurs monstrueux profits. Quelques-unes ont timidement avancé que, peut-être, il serait bon que les salaires soient supérieurs, mais en se gardant bien de peser sur le gouvernement pour cela.

Les ouvriers bangladais du textile n’ont pu gagner, à travers cette grève, qu’une partie de l’augmentation de salaire qu’ils réclamaient en affrontant les patrons et le gouvernement. Mais ce n’est pas la première fois qu’ils relèvent la tête en se faisant craindre et respecter, ne serait-ce que par leur détermination et leur nombre, et ce ne sera pas la dernière.

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