Italie : le travail tue, la police réprime09/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : le travail tue, la police réprime

Le 21 janvier, un énième accident du travail mortel s’est produit dans une entreprise métallurgique de Pavie, où un jeune de 18 ans, Lorenzo Parelli, a été écrasé par une poutre en acier alors qu’il était en stage.

Une semaine plus tard, le 28 janvier, les jeunes qui manifestaient dans plusieurs villes du pays pour protester ont été violemment chargés par les policiers, à Turin, ­Milan, Naples, Rome...

En Italie, en 2021, 1 404 travailleurs ont perdu la vie en tentant de la gagner, d’après l’Observatoire indépendant sur les morts au travail. Cela représente 117 victimes chaque mois, plus de trois chaque jour, et cela sans compter les décès liés au Covid-19. « En quatorze ans, malgré les belles paroles et les larmes de crocodile versées par les gouvernements et les représentants patronaux, rien n’a changé », constate l’Observatoire.

Et pourtant si, quelque chose a changé, en pire ! Les rythmes de travail se sont intensifiés, les conditions dégradées et la précarité, le recours à la sous-traitance, accentués. Avec la réforme bien mal nommée Buona scuola (bonne école), le gouvernement, dit de centre-gauche, alors dirigé par Renzi, a également envoyé la jeunesse vers les chantiers, les ateliers et les bureaux. Les stages en entreprise sont devenus obligatoires pour tous les lycéens, et l’alternance la règle pour les élèves de l’enseignement professionnel. Interrogé après le décès de leur camarade, l’un de ses amis témoignait : « Je ne sais pas comment s’est passée la mort de Lorenzo, mais en stage, tu ne refuses pas de faire quelque chose qui te paraît dangereux, où tu n’es pas à l’aise. Sinon, tu risques de ne pas valider ton diplôme et surtout, tu peux dire adieu à l’embauche que tu espérais. »

Ce chantage à l’emploi, au contrat moins précaire, à l’embauche directe plutôt qu’en sous-traitance, bien des travailleurs plus âgés le subissent aussi et en paient les lourdes conséquences, parfois mortelles.

Une semaine après la mort de Lorenzo, des centaines de jeunes ont envahi les places de dizaines de villes du pays subissant des charges policières brutales et plusieurs jeunes manifestants ont été blessés.

Si le gouvernement, qui a justifié la répression en parlant de provocations et de nécessité de respecter des règles sanitaires, espérait faire rentrer la jeunesse dans le rang à coups de bâton, il en est pour ses frais : vendredi 4 février, ils étaient encore plus nombreux à protester contre la tenue des examens de Maturité (l’équivalent du bac) telle qu’elle est envisagée par le ministère de l’Education et contre « l’alternance qui tue ».

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