Apprentissage : exploités, sous-payés et sans emploi09/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Apprentissage : exploités, sous-payés et sans emploi

Gouvernement et médias multiplient les déclarations triomphalistes au sujet des 718 000 contrats d’apprentissage signés en 2021, en hausse de 37 % par rapport à l’année précédente.

Il s’agit de faire passer par tous les moyens l’idée que la crise est finie et que le chômage est de l’histoire ancienne.

Être apprenti, c’est d’abord être sous-payé en alternant pendant un à trois ans des phases de travail et de formation. La rémunération augmente avec l’âge et l’ancienneté. C’est un quart du smic ou du salaire minimum défini par la convention collective la première année, pour les moins de 18 ans. Les apprentis de 21 à 25 ans touchent les trois quarts du salaire minimum la troisième année du contrat. Seuls les plus de 25 ans se voient accorder le salaire minimum complet.

La propagande gouvernementale présente le développement de l’apprentissage comme une solution pour l’emploi des jeunes ayant obtenu un diplôme de niveau bac ou un CAP. En réalité, c’est principalement chez ceux qui sont titulaires d’un Bac+3, ou qui ont réalisé des études plus longues, que l’apprentissage explose. Ceux-ci représentaient 40 % des contrats d’apprentissage signés en 2021, une part deux fois plus importante que trois ans plus tôt. Leur nombre est ainsi passé de 67 000 en 2018 à 276 000 en 2021, tandis que celui des CAP passait de 130 300 à 154 800. Le développement récent de l’apprentissage reflète donc surtout une hausse de la précarité chez les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur.

Six mois après la fin de leur apprentissage, six jeunes sur dix occupent un emploi, ce qui est présenté comme un grand succès du dispositif, mais cela veut aussi dire que quatre apprentis sur dix se retrouvent au chômage après avoir été exploités et sous-payés.

En plus de l’aubaine pour le patronat représentée par ces bas salaires, l’apprentissage est pour lui un moyen de choix pour se gaver d’argent public. Dans le cadre des 700 000 contrats conclus en 2021, les patrons ont touché 5 000 euros de prime pour un apprenti de moins de 18 ans et 8 000 euros pour les autres. La seconde année, ils touchent encore 2 000 euros, puis 1 200 euros les suivantes. Une part considérable de la rémunération, et parfois la totalité, est ainsi prise en charge par l’État.

Salaires au régime sec et déluge d’argent public : pas étonnant que le patronat et ses porte-parole applaudissent des deux mains, et qu’ils en redemandent !

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