Monument à Abdelkader : vandalisme colonialiste09/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2793.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Monument à Abdelkader : vandalisme colonialiste

Le 5 février à Amboise, le monument en hommage à l’émir Abdelkader a été vandalisé, avant même d’être inauguré. Si le geste n’a pas été revendiqué, on peut imaginer qu’il vient de quelque raciste ou nostalgique de l’Algérie française.

L’émir Abdelkader est en effet resté, pour les Algériens, le symbole de la lutte contre la colonisation française au 19e siècle. En 1830, la France pensait conquérir facilement l’Algérie. Mais elle se heurta à la résistance farouche d’une partie de la population, menée par ce chef militaire qui fit subir à l’envahisseur une série de défaites cinglantes. Il fallut une armée de 100 000 hommes pour venir à bout de son armée. Le général Bugeaud, envoyé pour le combattre, se fit connaître par ses méthodes barbares. Il entama une guerre dite de ravageurs, en dévastant totalement les régions conquises, pour empêcher la population d’y travailler et d’y vivre. Entre autres sévices, ses troupes enfermèrent des villages entiers dans des grottes pour les asphyxier par enfumage.

En 1847, Abdelkader dut se rendre, après le massacre de sa smala, sa capitale itinérante, désarmée et tombée entre les mains du duc d’Aumale, fils de Louis-Philippe, qui fit brûler en même temps son immense bibliothèque. C’est le général Cavaignac, futur massacreur d’ouvriers, qui le fit prisonnier et l’emmena en France, où il fut enfermé notamment au château d’Amboise, raison du choix de cette ville pour lui ériger un monument.

Pourtant, la guerre pour la conquête de l’Algérie ne s’arrêta pas là. Il fallut encore quarante ans pour que les soudards français viennent à bout de la résistance. En quelques décennies de domination française, la population algérienne passa de trois à deux millions d’habitants. La colonisation de l’Algérie fut une longue litanie de massacres, de violences, de tortures, d’humiliations.

L’extrême droite, nostalgique de l’empire colonial français, combat tout geste un tant soit peu critique de cette domination. D’abord, parce qu’elle est directement issue des anciens de l’Algérie française, des nervis de l’OAS et des nostalgiques de l’époque où des racistes pouvaient bafouer impunément les Arabes. Mais c’est aussi un moyen pour elle d’afficher encore une fois son mépris pour les populations pillées et exploitées par l’impérialisme.

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