Pays du Maghreb : ces migrants que l’Europe repousse28/12/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/12/2526.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pays du Maghreb : ces migrants que l’Europe repousse

Les migrants qui fuient les guerres et la misère n’arrivent dans les pays de l’Union européenne qu’à la fin de leur errance. Auparavant, ceux qui viennent du Moyen-Orient passent par la Turquie ou l’Égypte. Quant à ceux qui viennent du Niger, du Mali, de Côte d’Ivoire, etc., ils passent d’abord par les pays du Maghreb.

Les événements récents d’Algérie et de Ceuta illustrent les difficultés que les migrants rencontrent. Début décembre, la police a raflé dans des quartiers d’Alger 1 500 Africains sans papiers, dont des enfants et des femmes enceintes. Elle les a transportés dans des camps autour de Tamanrasset, en plein désert. Une partie ont été expulsés vers le Niger, les autres relâchés sur place.

Pour justifier cette rafle, le gouvernement algérien a invoqué des bagarres. Pourtant il tolère généralement les migrants, qui seraient plus de 100 000 dans le pays. Ils ont en principe accès à l’école et à la santé. Maliens et Nigériens n’ont pas besoin de visa, même si la durée de leur séjour est limitée. Le sud du Sahara est traditionnellement un espace ouvert où les Touareg ne sont pas seuls à circuler librement. Et tous ces jeunes hommes sont bien utiles sur les chantiers ouverts pour le développement du Sud algérien.

Le gouvernement algérien a refusé d’être le gendarme de l’Europe et d’installer sur son territoire des camps de tri des migrants. Mais, depuis que Kadhafi leur a fait la chasse en 1996, et plus encore depuis la guerre civile en Libye, leur nombre augmente. En même temps, les réseaux de passeurs vers la Tunisie et le Maroc se multiplient, car nombre de migrants veulent passer en Europe par la Tunisie, proche des côtes italiennes, ou par le Maroc qui n’est qu’à quelques kilomètres de Gibraltar et de l’Espagne et comporte deux enclaves espagnoles, et donc européennes : Ceuta et Melilla.

Le 9 décembre, 400 migrants venant d’Afrique noire ont forcé le double barrage barbelé de 6 mètres de haut qui, sur 8 kilomètres, coupe Ceuta du Maroc, espérant rejoindre le centre de séjour temporaire pour étrangers et pouvoir demander l’asile dans l’UE. Mais la police espagnole leur donne la chasse et, comme le dénonce Amnesty International, elle n’hésite pas à recourir contre eux à des violences et des expulsions illégales.

Le Maroc envoie de la nourriture et des tentes aux migrants expulsés vers le Niger et a lancé un deuxième plan de régularisation, même si cela n’exclut pas la répression et les attaques racistes. Quant à la Tunisie, elle reçoit, en plus des Africains subsahariens, un grand nombre de Libyens qui fuient le chaos et la terreur des milices rivales.

En fait, les dirigeants européens voudraient bien que les pays du Maghreb se chargent de stopper le flux des migrants que l’UE ne veut pas accueillir, quelles que soient les difficultés que cela comporte pour des pays qui sont loin d’avoir les mêmes moyens. Et de fait, même s’il existe des épisodes de racisme ou de violences policières, des dizaines de milliers de migrants vivent et travaillent en paix dans ces pays, dont les gouvernements se montrent globalement plus accueillants que la France ou d’autres pays européens.

De quoi faire honte aux dirigeants de la riche Europe… s’ils étaient accessibles à un tel sentiment.

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