Gattaz : une lettre au père Fillon28/12/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/12/p4_pere_Fillon.jpg.420x236_q85_box-0%2C58%2C800%2C507_crop_detail.jpg

Leur société

Gattaz : une lettre au père Fillon

Après la victoire de Fillon à la primaire de la droite, Gattaz avait jugé son programme intéressant et même, sur certains points, enthousiasmant. C’était en effet Noël avant l’heure pour le patronat, dont Gattaz, le président du Medef, se veut le porte-parole.

Illustration - une lettre au père Fillon

Pour être sûr d’être bien entendu, il reprenait le 26 décembre sur le site du Figaro, et au nom de la lutte contre le chômage bien sûr, une liste de chantiers en quatre points qu’il souhaite trouver dans les souliers des patrons en mai 2017.

C’est tout d’abord un grand bravo pour le Pacte de responsabilité de Hollande qui aurait, selon Gattaz, fait grimper le taux de marge moyen des entreprises de 28 à 32 %. Mais voilà, celui des patrons allemands culminerait à 41 %. Le compte n’y est donc pas. C’est pourtant simple : il suffit, au-delà des 41 milliards de CICE déjà prévus, de gagner encore 90 milliards pendant les cinq prochaines années, en diminuant d’autant les taxes et cotisations patronales. Où les prendre ? Là aussi, c’est simple : il suffirait de tailler 20 milliards par an dans les dépenses publiques. Et, comme il conviendrait aussi de diminuer l’impôt sur les sociétés, un bon signal serait de commencer, d’entrée de jeu, par augmenter de deux points la TVA dès le lendemain de l’élection. Voilà de quoi diminuer le fameux « coût » du travail et rassurer les entrepreneurs. Ces derniers n’ont en effet plus confiance en la fonction présidentielle, poursuit Gattaz. Prenons l’exemple de la C3S, cette taxe de 0,13 % due par les grandes entreprises sur leur chiffre d’affaires : elle devait être supprimée en 2017, et Hollande a fait marche arrière il y a six mois !

Pour rassurer les entrepreneurs, il faudrait un « dialogue social simple et direct », il y a trop de délégués, trop de formalisme qui « amène une politisation des rapports sociaux », revoir donc les fameux seuils où sont imposés comités d’entreprise et élections de délégués du personnel. Et surtout, « plafonnons tout ce qui doit l’être, pour éviter que les décisions de justice déstabilisent l’entreprise », à commencer par les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif.

D’ailleurs, toujours selon Gattaz, « en France, tout est trop long et trop complexe », il faut donc simplifier vraiment : pour un nouveau texte de loi adopté, on devrait en supprimer deux vieux, ceux qui protègent un peu les salariés, par exemple. On pourrait aussi adopter les lois à l’essai pendant quelques années. Sur le modèle des CDD renouvelables indéfiniment, des emplois précaires à vie ?

Pour appliquer ce programme propatronal sans fard, Gattaz ne cache pas qu’il compte sur Fillon, s’il « ne revoit pas ses ambitions à la baisse », et il devra agir vite, car « on tourne autour du pot depuis des années ». Qu’il ne soit donc pas seulement père Noël, mais aussi père Fouettard !

Gattaz est dans son rôle de héraut bavard des grands patrons, faisant savoir aux laquais politiciens leurs desiderata. Il mérite cent fois qu’une réaction des travailleurs lui fasse ravaler sa trompette et sa morgue.

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