Accessibilité des lieux publics : Les handicapés condamnés à attendre05/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2379.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Accessibilité des lieux publics : Les handicapés condamnés à attendre

Mercredi 26 février, le gouvernement a annoncé que les objectifs fixés par la loi de 2005 sur l'accessibilité des handicapés à tous les locaux accueillant du public étaient inatteignables, et que les échéances fixées à 2015 seraient repoussées... à plus tard ! Il faudrait selon les cas trois ans, six ans et même neuf ans pour des aménagements « lourds » dont l'État est directement responsable.

Un projet de loi doit être déposé dans ce sens en avril. Les associations de handicapés jugent ce report inacceptable. En effet, le nombre de personnes concernées par ce manque d'aménagements et d'accessibilité atteindrait d'après l'Insee près de 10 millions. Il ne s'agit pas seulement des personnes en fauteuil roulant, mais de toutes celles qui sont en situation de déficience physique, visuelle ou mentale, en ajoutant celles qui ont un problème de santé ou qui ont subi un accident du travail.

C'est dire que ce problème devrait être une priorité depuis longtemps de la part des pouvoirs publics. Depuis quarante ans, les gouvernements en parlent, puisque la première loi sur le handicap date de 1975. Mais dans le domaine de l'aménagement des services publics, le décalage entre les mots et les faits est révoltant.

L'Association des paralysés de France (APF) considérait qu'en 2012, seuls 15 % des établissements recevant du public étaient aux normes. Moins de six écoles primaires sur dix sont accessibles aux handicapés moteurs, et la situation est encore pire pour les plus grands. Seuls quatre collèges sur dix sont aux normes, et l'Éducation nationale prévoit qu'en 2015, seulement 20 % des lycées seront accessibles.

Dans le domaine des transports publics, là aussi, le retard est manifeste et très pénalisant. Il y a certes de plus en plus d'autobus à plancher bas, 65 % des autobus ont désormais un système d'annonce sonore des arrêts, mais ce sont les infrastructures, les arrêts, les trottoirs, qui ne suivent pas. En Île-de-France, si les 63 lignes parisiennes d'autobus sont équipées correctement, seules 89 lignes de banlieue sur 274 le sont.

La SNCF, elle, avoue que sur 172 gares sous sa responsabilité, seulement 50 d'entre elles sont accessibles. Et les autres ? Le gouvernement se prépare à lui accorder neuf ans de sursis pour se mettre en règle.

Dans le domaine du logement, ce sont les promoteurs qui ont déclenché une campagne contre ces « normes » qui, prétendent-ils, pénaliseraient la construction. En effet, la loi de 2005 en vigueur les oblige à des règles comme rendre accessibles les issues, l'intérieur des logements et les parties communes des bâtiments, adapter les parkings aux fauteuils roulants. Le PDG de Nexity a dénoncé ces normes qui feraient flamber les prix. Il a même fait une proposition : supprimer l'obligation de rendre l'ensemble des logements accessibles aux personnes en situation de handicap, et la remplacer par un simple quota de logements.

Patrons et gouvernement se retrouvent pour dénoncer les « trop nombreuses normes qui pénalisent les entrepreneurs ». Décidément bien d'accord, dans ce domaine comme dans d'autres.

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