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- Lutte ouvrière n°2379
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Dans les entreprises
Continental, Toulouse-Foix-Boussens : Le patron a dû lâcher du lest
Elle ne s'y attendait pas, et pourtant tous les ingrédients étaient là. Ses propositions frisaient le ridicule : 1,1 % à partager entre « augmentations » générales et augmentations à la tête du client, alors que le groupe venait de déclarer 3,7 milliards de bénéfice brut en 2013 (+ 0,2 milliard par rapport à 2012) et que Continental Automotive France, qui regroupe les trois usines de Midi-Pyrénées plus ce qui reste de Continental à Rambouillet, s'apprête à en déclarer au moins 70 millions.
De plus, la direction a décidé que les travailleurs de ces usines n'auraient pas droit cette année à la « prime mondiale » octroyée par le groupe, et n'auraient plus droit non plus au « talon », cette augmentation plancher faisant que les plus bas salaires ont au moins ce minimum d'augmentation. Et enfin, la dégradation des conditions de travail due au sous-effectif commence à peser sérieusement sur tous.
C'est cette suppression du talon qui a déclenché l'agitation. À Foix, le 17 février, une première assemblée du personnel appelée par la CGT et la CFDT a rassemblé une centaine de travailleurs, qui ont décidé d'une pétition pour réclamer leur dû : des augmentations avec talon « à la hauteur des résultats », et des embauches pour faire face à la surcharge de travail. Cette pétition a été reprise par les cinq syndicats. Il était aussi question de débrayage, mais la décision a été remise à l'assemblée suivante.
Jeudi 20 février, une première assemblée du personnel à Toulouse rassemblait environ 300 travailleurs et décidait de reprendre la pétition lancée par Foix. À Boussens, la pétition était également reprise. Elle allait rassembler au total 1 150 signatures sur les trois usines, un record.
Enfin, lundi 24 février, à Foix l'assemblée du personnel votait deux heures de débrayage par équipe et par jour jusqu'à la prochaine réunion de NAO le jeudi 27. Mercredi 26 février, une deuxième assemblée à Toulouse décidait d'un débrayage pour le lendemain, pour se joindre à ceux de Foix. Une assemblée du personnel à Boussens décidait de débrayer une heure sur-le-champ pour se joindre eux aussi à ceux de Foix.
Après quoi, le jour de la réunion de NAO, un peu plus de 200 travailleurs débrayaient à Toulouse, et ceux de Foix continuaient. À 70 devant l'usine, ils recevaient le renfort de travailleurs appelés en soutien par l'union locale CGT.
À la réunion, la direction a annoncé finalement le retour du talon à 45 euros, et 2,1 % d'augmentation au total, au lieu de 1,1 % du départ. À Foix comme à Toulouse, la satisfaction d'avoir fait reculer la direction a alors prévalu et le mouvement s'est arrêté.
Chacun l'a bien compris : il faut que les travailleurs interviennent avec leurs propres moyens. C'est alors qu'ils peuvent se faire entendre.