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- Lutte ouvrière n°2379
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Leur société
HLM contaminées : Le scandale de l'amiante continue
L'incorporation d'amiante dans les matériaux de construction a été interdite il y a dix-sept ans, mais les ouvriers employés au désamiantage des bâtiments sont encore aujourd'hui exposés à cette fibre mortelle, présente dans sept logements HLM sur dix. Ce n'est qu'en 2012, très tardivement donc, que le taux maximum autorisé de fibres d'amiante dans l'air a commencé à diminuer, aboutissant à une nouvelle norme qui rentre en vigueur progressivement et sera complètement appliquée en juillet 2015.
Cette nouvelle réglementation, incluant le calfeutrage des chantiers, le port de masques et de vêtements de protection, et qui est censée protéger un peu plus les ouvriers, sera-t-elle plus respectée que les précédentes ? Ce n'est pas certain. En effet, il y a une douzaine d'années, trois entreprises de désamiantage sur quatre ne respectaient pas toutes les normes de l'époque.
Par contre, elles facturent leurs chantiers au prix fort. Celui-ci a grimpé de 50 % entre 2012 et 2013, aboutissant à un surcoût total estimé à 21 milliards d'euros pour les organismes HLM. L'Union sociale pour l'habitat, qui fédère 760 organismes HLM à travers le pays, signale qu'un projet de réhabilitation-désamiantage sur quatre est abandonné en raison de son coût.
Les autorités ne veulent pas faire payer les grandes entreprises, comme Saint-Gobain, qui ont installé de l'amiante partout tout en connaissant parfaitement sa nocivité. Du coup, la nouvelle réglementation, destinée à diminuer les risques mortels, aboutit en fait à ralentir encore le désamiantage. C'est dramatique puisque les immeubles contenant de l'amiante abritent encore trois millions de logements et, avec le vieillissement des immeubles, certains matériaux s'effritent en libérant la fibre mortelle. On peut à juste raison s'inquiéter des conséquences futures, puisque les expositions passées à l'amiante continuent de provoquer chaque année autour de 3 000 décès en France.
Les gouvernements successifs, qui déjà freinent autant qu'elles peuvent la tenue d'un procès de l'amiante, qui impliquerait les responsables industriels et politiques de ce scandale, n'ont presque rien fait pour faire peser le coût de cette catastrophe sur les industriels empoisonneurs.
Ce serait pourtant à eux de financer entièrement le désamiantage, en prenant sur les profits qu'ils ont réalisés pendant des décennies, au mépris de la vie de leurs ouvriers.