Ouverture le dimanche : Les profits du septième jour22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ouverture le dimanche : Les profits du septième jour

Les chaînes de magasins Leroy-Merlin et Castorama viennent de trouver des alliés dans leur campagne pour obtenir le droit d'ouvrir le dimanche : dix députés socialistes ont écrit à Ayrault le 25 avril pour lui demander de donner cette autorisation aux magasins de bricolage de la région parisienne.

Les députés relèvent le fait que certaines grandes surfaces peuvent ouvrir et d'autres non, suivant la localisation, la branche, les autorisations préfectorales, etc. Ils ajoutent que les dérogations successives à la loi prévoyant le repos dominical constituent un imbroglio juridique dont on ne voit pas la logique. Et, avec le faux gros bon sens habituel, ils affirment que patrons et salariés ont intérêt à ouvrir le dimanche, les uns pour vendre plus, les autres pour améliorer leur paye.

Mais c'est uniquement parce que leurs salaires sont bas que des travailleurs de la grande distribution demandent à travailler le dimanche. Et c'est parce qu'il y a des millions de chômeurs que même ceux qui voudraient rester chez eux n'osent pas refuser de passer des dimanches au magasin.

Aujourd'hui, dans la grande distribution, les dimanches travaillés sont mieux payés que les jours de semaine. Mais pour combien de temps ? Les patrons des commerces des zones touristiques ont d'ores et déjà obtenu le droit d'ouvrir sept jours sur sept sans avoir à majorer la paye du dimanche. Et, quoiqu'ils disent aujourd'hui, c'est bien entendu cela que visent les capitalistes des grandes enseignes.

Les députés socialistes font aussi valoir que les habitants de la région parisienne passant des heures dans les transports, ils n'ont pas le temps de faire leurs courses en semaine. L'un d'entre eux ajoute que, vu la modicité des salaires, bien des gens ne peuvent avoir recours aux artisans et doivent bricoler eux-mêmes, ce qui rendrait indispensable l'ouverture de Leroy-Merlin sept jours sur sept. On imagine d'ici le malheureux député PS qui casse sa dernière mèche un dimanche après-midi et qui se retrouve avec son placard de cuisine en vrac dans l'entrée de son F3 toute la semaine...

Il est certain qu'il serait agréable, et normal en fait, de pouvoir trouver facilement ce dont on a besoin n'importe quel jour, grâce au travail réellement volontaire et librement organisé de tous les membres de la collectivité. Mais, pour l'instant, le moteur de la société n'est pas la satisfaction des besoins de tous, mais l'accumulation des profits privés. Et toutes les prétendues nécessités du commerce, de la concurrence loyale, de l'amélioration des salaires par le travail du dimanche, du service à la clientèle, etc., ne sont là que pour masquer cette recherche du profit.

La seule question du salaire le montre. Des salariés de Leroy-Merlin manifestaient le 14 mai pour revendiquer le droit de travailler le dimanche afin de gagner cent euros de plus. Cette manifestation était financée et organisée par le patron, qui payait même la demi-journée. Or Leroy-Merlin est une des nombreuses propriétés de la famille Mulliez, une des plus riches du pays, qui pourrait sans problème augmenter tous ses salariés de cent euros par mois et qui pourrait également embaucher et payer correctement du personnel pour ouvrir le dimanche. À condition bien entendu de prendre sur ses profits !

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