Hôpital de jour de la prison d'Annœullin (Nord) : Une structure médicale qui n'en a que le nom22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Hôpital de jour de la prison d'Annœullin (Nord) : Une structure médicale qui n'en a que le nom

Il existe dans la prison d'Annœullin une structure médicale qui s'appelle hôpital de jour mais qui est loin de mériter le nom d'hôpital.

Pour l'ensemble du Nord-Pas-de-Calais, il ne possède que vingt places pour accueillir des détenus ayant des problèmes psychiatriques, ce qui est très insuffisant pour toute la population carcérale de la région. De plus, il n'est pas prévu pour accueillir des malades présentant des troubles graves. Il est ouvert seulement de 8 h à 18 h et n'assure aucune surveillance médicale la nuit. Les malades-détenus sont enfermés, chacun dans sa cellule, et s'ils ont un problème médical, ils s'adressent comme en prison au personnel pénitentiaire. Il arrive bien souvent que des patients suicidaires, qui devraient être pris en charge 24 h sur 24 dans un hôpital, soient envoyés dans cet hôpital de jour et ne bénéficient d'aucune assistance médicale la nuit !

En outre, les rendez-vous médicaux à l'extérieur, comme au CHRU de Lille, sont soumis au régime des escortes gérées par l'administration pénitentiaire. Or, la prison d'Annœullin ne possède que deux voitures pour effectuer les transferts. Les rendez-vous médicaux à l'extérieur de la prison peuvent donc être repoussés voire annulés s'il n'y a pas de créneau disponible pour les escortes.

L'existence de l'hôpital de jour sert donc à justifier le maintien en prison de malades qui devraient être réellement pris en charge et soignés.

Il est prévu d'ouvrir, pas loin de là dans la commune de Seclin (Nord), une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA) de soixante places, c'est-à-dire un hôpital psychiatrique pour détenus présentant des troubles graves. Mais passer d'un hôpital de jour de vingt places à un hôpital de soixante places ne règlera pas vraiment le problème dans une des régions les plus peuplées du territoire.

Cette situation n'est qu'un exemple d'une situation générale désastreuse. Comme l'indiquait la dernière enquête d'ampleur de 2006 sur la santé mentale en prison : 35 % à 42 % des détenus sont considérés comme « manifestement ou gravement malades ». Huit hommes détenus sur dix et plus de sept femmes sur dix « présentent au moins un trouble psychiatrique, la grande majorité cumulant plusieurs troubles ».

Quant au énième rapport commandé par la ministre Taubira sur ce scandale sanitaire, il ira rejoindre tous ceux qui l'ont précédé : dans les oubliettes des économies budgétaires.

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