Amiante : Des mises en examen annulées22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : Des mises en examen annulées

Le 17 mai a été rendue publique la décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris d'annuler la mise en examen de Martine Aubry, dans le cadre de son ancienne fonction de directrice générale du travail au ministère du même nom, et de huit autres personnes. En particulier, les anciens membres de l'ex-Comité permanent amiante, visés dans le dossier emblématique d'empoisonnement par l'amiante des anciens salariés de l'usine Ferodo-Valéo de Condé-sur-Noireau dans le Calvados, une des usines qui ont fait le plus de victimes en France.

L'Andeva (l'Association nationale des victimes de l'amiante) et la Fnath, (la Fédération nationale des accidentés du travail) ont immédiatement dénoncé « une décision militante ». Et pour cause, cet arrêt, pour innocenter avant tout procès les fonctionnaires et scientifiques poursuivis, au mépris de la vérité reconnue partout dans le monde, ose affirmer que personne ne connaissait les risques liés à l'utilisation de l'amiante avant 1995.

Mais si des juges peuvent mentir avec un tel aplomb, car les risques liés au contact de l'amiante étaient connus depuis 1906, le lien avec les cancers avéré depuis 1972 et son interdiction demandée depuis 1984 par le Bureau international du travail, c'est qu'ils se considèrent en service commandé pour protéger le système qui fait mourir les salariés pour enrichir les employeurs. Bien sûr, cette décision pourrait être cassée par la Cour de cassation, tout comme l'a été l'arrêt de cette même chambre qui avait supprimé, avec les mêmes motivations, la mise en examen des anciens cadres dirigeants de la société Eternit, dont les dirigeants ont été condamnés à de la prison ferme en Italie. Mais visiblement ces juges n'en ont cure et ils s'assoient sur la vérité. Pour eux, ne serait-ce que le temps gagné grâce à leur décision, avec le report de plusieurs mois du procès attendu depuis des années par les centaines de victimes ouvrières, est déjà un effet utile de leur « acte militant ».

Alors il faudrait que le monde ouvrier en tire les conclusions et montre la même détermination pour défendre les siens en toutes circonstances.

Par ailleurs, il est vraiment scandaleux que Martine Aubry et les anciens membres et collaborateurs du Comité permanent amiante n'aient aucun compte à rendre de leur action de 1982 à 1996. Ils ont agi pour que les industriels du pays, ceux de l'amiante et des multiples branches qui l'ont utilisé, continuent à le faire pour leur plus grand profit, tout en connaissant parfaitement les risques mortels qu'ils faisaient courir à des centaines de milliers de salariés.

Aujourd'hui 3 000 morts par an, 100 000 décès attendus au total, tel est le bilan de ce désastre de l'amiante, un des pires scandales sanitaires de l'exploitation capitaliste. Procès ou pas, ce crime restera dans la mémoire collective ouvrière et figurera au bilan de cette société et de ses serviteurs.

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