Jtekt – Dijon-Voltaire : La fermeture jugée injustifiée par les tribunaux22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Jtekt – Dijon-Voltaire : La fermeture jugée injustifiée par les tribunaux

Après trois ans de procédure, la justice a finalement rendu son verdict en appel à propos du plan de sauvegarde de l'emploi de 2010 qui avait conduit à la fermeture de l'usine Jtekt de Dijon-Voltaire. Un premier jugement portant sur douze salariés qui avaient attaqué Jtekt vient de tomber et il leur donne raison.

Ainsi peut-on lire dans les attendus : « La société n'a pas pris en compte (...) que la situation économique du groupe Jtekt Corporation, dont elle dépend, était profitable, puisqu'il s'est porté acquéreur d'une entreprise, la société Timken, au prix de 300 millions de dollars, et que le groupe a prélevé 76 millions d'euros dans ses comptes de 2005 à 2008. » « Il en résulte que le licenciement (...) n'est pas justifié par une cause économique. » En conséquence de quoi le tribunal condamne Jtekt aux dépens, et à verser une indemnité à chacun allant de 11 000 euros à 28 000 euros, en plus des sommes déjà perçues (pour un total de 210 000 euros).

Ainsi il est démontré que Jtekt, faisant partie d'un groupe mondial, lui-même filiale de Toyota, n'avait aucun besoin de fermer le site de Dijon-Voltaire, même pour un transfert (plus que partiel) sur la banlieue de Chevigny.

Pourtant, depuis trois ans, le groupe en a largement profité, non seulement sur les salaires mais aussi par le biais d'une série de subventions de l'État : chômage partiel, plan de formation, exonérations de charges. Aujourd'hui, il s'apprête à faire la dernière opération juteuse : la vente des terrains de Voltaire, en centre-ville de Dijon, au moment où comme prévu le prix de l'immobilier est à son maximum.

Le groupe Jtekt Corp. vient de publier ses comptes 2012 : 13,5 milliards de yens de bénéfices (environ 100 millions d'euros), et des actions en Bourse en hausse de plus de 10 % début 2013. Le groupe Toyota, lui, vient d'annoncer un bénéfice de plus de dix milliards d'euros pour 2012.

En trois ans l'usine est passée de 1 150 salariés, auxquels s'ajoutaient de nombreux intérimaires, à moins de 750. Plus de 400 personnes ont été licenciées depuis, soit en licenciement économique directement, soit en départ « volontaire » bien souvent plutôt forcé que volontaire, soit en licenciement pour faute ou pour inaptitude ; d'autres sont partis, dégoûtés. Le bilan, c'est 700 chômeurs de plus. Certains, quelques-uns, une petite minorité, ont retrouvé du travail, beaucoup d'autres galèrent ou ne trouvent que de petits boulots.

Comparée à tout cela, la condamnation en justice est encore peu de chose. Mais elle a le mérite de confirmer qu'on ne peut pas faire confiance au patron sur ce qu'il dit : derrière les annonces des groupes de l'automobile qui pleurent misère pour justifier les licenciements, se cachent de véritables trésors de guerre.

Que la justice le confirme, c'est assez rare pour être souligné !

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