Italie : Encore une tragédie « à ne pas oublier » à Gènes22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Encore une tragédie « à ne pas oublier » à Gènes

Au cours de la tragédie du 7 mai au soir dans le port de Gènes, un navire porte-containers est entré en collision avec la tour de contrôle des pilotes, alors qu'il manœuvrait pour sortir du port. Les événements ont amené à la perte de huit vies humaines, un disparu et quatre blessés. Le président de l'autorité portuaire, Luigi Merlo, s'est déclaré stupéfait parce que « ce navire ne devait pas se trouver là », devant une population incrédule qui se demande comment un tel drame a été possible.

Nous, nous nous demandons pourquoi le président d'un port fait des déclarations de ce type et ne se pose pas le problème du bâtiment et de la tour de contrôle construits à quelques mètres de l'endroit où passent les navires. Pourquoi par cette construction a-t-on restreint le bassin où les navires tournent pour entrer et pour sortir du port ? La tendance au gigantisme naval était déjà en cours en 1996, l'année de construction de la tour. Pourquoi un navire long de 236 mètres, construit en 1975 et qui devait parcourir entre 4 et 5 km de canal, la poupe dirigée vers la sortie, était-il assuré par deux remorqueurs au lieu de trois ?

Il est clair qu'il y a des réponses, mais ces messieurs ne les donneront jamais : leur unique objectif se limite à défendre leur société structurée pour la compression des coûts et la capacité à retirer les profits de toute activité commerciale. On nous dit que la magistrature fera son travail, dans la recherche d'éventuelles erreurs humaines comme de problèmes techniques : comme si la société dans laquelle nous vivons et la façon dont on produit et dont on exporte les marchandises n'avaient rien à voir avec les drames du travail.

Les pressions patronales pour des cadences toujours plus rapides malgré la crise économique, la dégradation des structures, sont seulement effleurées par les enquêtes sur la tragédie. Les horaires des travailleurs en service sur les remorqueurs et ceux des pilotes, dont le service devrait garantir la sécurité, ne sont pas mis en cause alors qu'ils leur font risquer leur vie et celles de ceux qu'ils devraient sauver. Avec les môles découpés de façon à augmenter le nombre de navires pouvant accoster, on a réduit les surfaces sur lesquelles les navires peuvent manœuvrer, et par conséquent augmenté les risques.

La tour de contrôle où les pilotes étaient au travail, de même que les opérateurs radio des remorqueurs ou les gardes-côtes qui ont trouvé la mort au changement d'équipe, était l'orgueil du port et personne n'aurait jamais remis en cause le lieu où elle était construite.

L'hypothèse d'une avarie ou d'un problème technique du navire a été confirmée par la magistrature. Décidément cette tragédie sera sans doute de celles pour lesquelles on ne trouve pas de responsable et qui donnent lieu à ces manifestations « pour ne pas oublier », que le système capitaliste produit en quantités historiques.

Correspondance L'Internazionale – Italie (UCI)

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