La folie de l'économie capitaliste22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La folie de l'économie capitaliste

La guerre menée par le patronat et le gouvernement contre les travailleurs n'a pas encore la brutalité de celle menée en Grèce, en Espagne, au Portugal. La France part de plus haut, c'est un pays économiquement plus puissant, qui a accumulé au fil du temps plus de richesses, notamment en pillant et en colonisant une grande partie de l'Afrique.

La bourgeoisie a donc pu, dans le passé, concéder aux exploités toute une série de droits. Ils sont en train d'être démolis. Regardons vingt ans en arrière : quand on était embauché, sauf accident ou choix personnel, c'était pour la vie. Aujourd'hui, quel jeune imagine décrocher un CDI ? Le CDI est devenu un privilège, la norme maintenant est le travail à la commande, le travail à la tâche comme au 19e siècle !

Il reste encore des amortisseurs sociaux, comme ils disent, mais jusqu'à quand ? Alors que tout le monde, à droite comme à gauche, s'est toujours gargarisé du modèle français de protection sociale avec la Sécurité sociale, voilà que de plus en plus de voix se font entendre pour la remettre complètement en cause.

Quant aux droits à la retraite, ils reculent depuis trente ans. Ça continue avec Hollande. Avec la loi sur la flexibilité, le gouvernement en a déjà fait plus pour aggraver les conditions de travail qu'en dix ans de droite. Du nord au sud de l'Europe, ce sont les mêmes reculs, les mêmes sacrifices imposés aux travailleurs, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. Par les temps qui courent, le gouvernement ne peut qu'être le bras armé de la bourgeoisie contre les exploités.

La défense des intérêts des travailleurs n'est pas une question d'élections, mais de rapport de forces entre la grande bourgeoisie et les travailleurs. La lutte de classe, ce n'est pas du passé, elle est là, féroce, et surtout elle est à sens unique. Car il n'y a que la bourgeoisie qui donne des coups. C'est cela qu'il faut changer.

Pour inverser le rapport de forces, les travailleurs ne pourront faire l'économie d'une lutte massive, qui fasse peur à la bourgeoisie, comme elle a eu peur en juin 1936 avec les occupations d'usines, comme elle a eu peur en mai 1968.

Si les luttes ne se décrètent pas, elles se préparent dans les têtes et dans les consciences. Dévoiler la politique de la bourgeoisie, dénoncer le jeu de ses serviteurs politiques, dire la vérité aux travailleurs, les armer politiquement, moralement, c'est ce que les directions syndicales pourraient et devraient faire.

Au lieu de cela, les dirigeants syndicaux – les directions centrales des appareils syndicaux, pas les militants de base – passent leur temps en conciliabules avec le gouvernement et le patronat. L'encre des accords sur la flexibilité n'est pas encore sèche que le gouvernement et le patronat ouvrent déjà un nouveau cycle de conférences sociales sur les retraites. Alors que tout le monde a compris que le patronat n'est pas disposé à faire de cadeaux et qu'il ne veut négocier que des reculs pour les travailleurs, pourquoi cautionner ces négociations bidon ? Et pire encore : présenter les reculs comme des avancées ?

Gouvernement et patronat nous disent qu'il faut être compétitif, flexible, mais tout cela pour quoi ? Ils restructurent, ils nous demandent d'accepter le chômage, mais pourquoi tous ces sacrifices ? À quoi servent les milliards retirés des services publics ? Si encore cela améliorait la situation économique, mais c'est tout le contraire ! C'est toujours et encore la finance qui prospère, et la spéculation.

La finance tue la croissance, le paiement de la dette tue toute perspective de relance économique. Ce sont les mêmes bourgeois qui sont tiraillés entre ces objectifs contradictoires. Bouygues ou Peugeot n'ont rien contre la relance, ils sont pour ! Mais ils ont aussi des intérêts financiers, et c'est d'ailleurs leur capital placé dans la finance qui leur rapporte le plus.

Le capitalisme est un système perclus de contradictions. À commencer par celle qui pousse chaque capitaliste individuel à aggraver l'exploitation, à baisser les salaires, alors que c'est précisément cela qui limite, voire fait reculer la consommation des classes exploitées, et donc le marché.

La crise est due à ce que le système est capable de trop produire par rapport à la consommation solvable. C'est l'abondance qui crée la misère. Il n'y a aucune raison de se résigner à cette folie. Il faut supprimer la domination de la bourgeoisie sur l'économie, c'est-à-dire la propriété privée des moyens de production.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 20 mai

Partager