PSA Aulnay-sous-Bois : Après quatre mois de grève, la direction a dû céder22/05/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/05/une2338.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Aulnay-sous-Bois : Après quatre mois de grève, la direction a dû céder

Vendredi 17 mai, les grévistes de PSA Aulnay ont voté la suspension de la grève entamée le 16 janvier dernier. Ils ont demandé aux deux syndicats encore engagés dans la grève, la CGT et la CFDT, de signer un protocole de fin de grève.

En vertu de ce protocole, les quatre salariés licenciés pour « faute lourde » – en réalité, pour fait de grève – sont réintégrés et auront droit, soit aux mesures financières du plan social et à l'indemnité concédée aux grévistes, soit aux mêmes possibilités de reclassement que les autres travailleurs. La direction renonce également au licenciement de trois délégués contre lesquels des procédures avaient été engagées.

Les reculs de la direction

Au cours des quatre mois de grève, des dizaines de plaintes avaient été déposées par la direction de PSA Aulnay et les huissiers qu'elle rémunérait en permanence ; ces plaintes sont abandonnées. Par ailleurs, les grévistes, qui redoutaient d'être victimes de discrimination dans l'application du plan social, ont obtenu des garanties écrites concernant les mutations. Les conséquences financières de la grève pour les grévistes ont été réduites : récupération de tous les jours de congés payés (2,5 par mois), paiement à 100 % de la prime du demi 13e mois, et paiement des jours de chômage comme pour les autres travailleurs de l'usine. Enfin, les grévistes qui choisissent de quitter PSA avant le 31 mai toucheront une indemnité forfaitaire de quelque 20 000 euros. Cette somme s'ajoute aux indemnités prévues par le plan social, indemnités dont le montant varie en fonction des situations individuelles, mais qui sont de quelque 40 000 euros pour un salarié employé par PSA depuis dix ans et gagnant 2 000 euros brut par mois. En moyenne, les grévistes quittant PSA vont donc recevoir environ 60 000 euros.

Par ailleurs, la grève a permis à l'ensemble des travailleurs du groupe PSA d'obtenir des primes de licenciement, de mutation et de déménagement supérieures à ce que la direction proposait avant la grève, ainsi que des conditions de départ anticipé pour les anciens.

Tous ces acquis de la grève font enrager les syndicalistes non grévistes (SIA, CFTC, FO) qui expliquaient jusqu'alors que la résignation était la meilleure option.

Une grève active et démocratique

Empêcher la fermeture de l'usine était bien sûr hors de portée des grévistes, même s'ils n'ont cessé de dénoncer le gâchis que cela représente. C'était impossible à 200 grévistes, et même à 500, face à la puissance conjuguée de la famille Peugeot et du gouvernement PS, qui n'a pas ménagé sa peine – ni celle des CRS ! Il aurait fallu pour cela un tout autre rapport de force, qui mobilise non seulement l'ensemble des travailleurs d'Aulnay, mais au moins tous ceux de PSA.

Mais les principaux acquis de la grève ne se limitent pas à l'amélioration du plan social, ni au protocole conclu le 17 mai.

Pendant quatre mois, les grévistes ont eu la tête haute. Alors que tant de travailleurs sont licenciés sans se défendre collectivement, les grévistes de PSA Aulnay ont mené une guerre sans répit à la famille Peugeot. Avec le soutien de nombreux non-grévistes, ils ont paralysé la production d'Aulnay. Ils ont enchaîné les manifestations, seuls ou avec d'autres travailleurs (Goodyear, Virgin, Presstalis...) et les visites à d'autres usines (PSA Saint-Ouen, PSA Poissy, Renault Flins, Renault Cléon, Lear, Geodis, Faurecia, Air France, etc.). Ils se sont adressés à l'ensemble des travailleurs du pays, pour l'interdiction des licenciements. Ils ont financé leur grève en recueillant, grâce à la solidarité de dizaines de milliers de travailleurs, quelque 800 000 euros qui leur ont permis de tenir. Ils ont aussi multiplié les actions, annoncées ou « surprise », en direction de PSA, du patronat (Medef, UIMM) et du gouvernement, tous furieux d'être ainsi contestés.

En outre, cette grève a été menée, du début à la fin, de façon démocratique, consciente, par les travailleurs eux-mêmes. Réunis tous les jours, voire deux fois par jour, en assemblée générale, c'est ainsi qu'ils ont pris toutes les décisions. Un comité de grève a été mis en place dès le début de la grève, faisant suite à un comité de lutte qui a existé dès l'annonce de la fermeture de l'usine, en juillet 2012. Ce comité, ouvert à tous les grévistes, s'est réuni de façon quasi quotidienne pour discuter de tout, depuis les sandwichs et les repas, jusqu'aux collectes, en passant par les actions à mener et les innombrables problèmes posés par la grève.

Le combat continue

Mardi matin 21 mai, les grévistes se sont retrouvés ensemble pour manifester dans les ateliers. Ils tenaient à montrer que, si la grève est suspendue, le combat continue. Et ils ont décidé de se retrouver dans la semaine pour une nouvelle assemblée générale car, quel que soit le choix de chacun, il faudra se mobiliser pour que PSA respecte ses engagements.

Une partie des grévistes vont quitter l'usine dans les jours à venir. D'autres vont rester encore plusieurs mois à Aulnay, où ils comptent bien continuer à se battre, aux côtés de leurs camarades de travail, pour obtenir les moins mauvaises conditions de départ, lors de la fermeture de l'usine annoncée pour le 31 décembre 2013. Ceux qui sont restés partiront alors en mutation vers d'autres usines de PSA : Poissy, Saint-Ouen, etc. D'autres, encore, vont essayer d'entrer à la RATP, à la SNCF ou à ADP.

Tous ont appris énormément de choses dans cette lutte, sur le plan militant, sur le plan humain, sur le plan politique. Les liens qui les unissent ne se sont pas prêts de se dissoudre. Tous gardent l'immense fierté de cette grève de quatre mois. Tous restent déterminés à poursuivre, sans répit, la lutte ouvrière contre la rapacité sans bornes du patronat.

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