Égypte : Exaspération contre les hausses des prix... et le gouvernement18/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2072.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Égypte : Exaspération contre les hausses des prix... et le gouvernement

Les 6 et 7 avril, en Égypte, ont été des journées ponctuées de rassemblements, de mouvements de grèves, de rideaux baissés dans certaines boutiques, de manifestations parfois violemment réprimées par des forces de police pléthoriques et provocantes, notamment dans la ville de Mahalla al-Kubra. Dans cette grande ville industrielle du delta du Nil, un rassemblement a été chargé par des policiers antiémeutes, entraînant la mort de deux personnes, des dizaines de blessés et des centaines d'arrestations.

Les journées de grève massive de l'année 2007 dans les usines textiles, comme les mouvements des ouvriers des cimenteries, des minoteries, des employés des administrations et même les grèves des juges, des médecins, des enseignants d'université, les quelque 220 mouvements de grève recensés dans les six derniers mois mettent en avant le même type de revendications : l'insuffisance criante des salaires, tandis que l'inflation enfle - officiellement 15,8 % en mars contre 12 % en février - et que les prix de l'alimentation rendent les denrées de base inaccessibles à d'innombrables Égyptiens pauvres (près de la moitié des 80 millions d'Égyptiens doivent survivre avec moins de deux dollars par jour). Le prix du blé importé a triplé depuis l'été. Celui de l'huile de cuisson, du sucre et des pâtes a flambé, réduisant les familles ouvrières et les plus pauvres à se contenter des galettes de pain baladi, subventionnées à 5 piastres (moins d'un centime d'euro) au lieu de 25 ou 30, comme principale source calorique.

Les salaires des ouvriers, des employés de l'État et de nombre d'autres salariés stagnent dans une fourchette allant de moins de 200 livres égyptiennes (24 euros) à 600 ou 1 000 livres. Les retraités et pensionnés, les veuves, sont souvent réduits à mendier en vendant des paquets de mouchoirs en papier. Face à eux, dans les quelques quartiers riches du Caire ou de sa banlieue, s'étale la richesse de la clique entourant Hosni Moubarak, le président, et son fils Gamal, son successeur désigné, les villas luxueuses des ministres et hommes d'affaires qui se partagent le gâteau des profits réalisés sur la classe ouvrière et la paysannerie pauvre. Depuis quelques années, les uns et les autres réalisent de surcroît des affaires juteuses grâce aux privatisations d'entreprises d'État, qui se sont accélérées avec l'arrivée du Premier ministre Nazif.

L'état d'urgence, légalement renouvelé tous les trois ans depuis un quart de siècle, ne suffit semble-t-il pas à arrêter les mouvements de colère que la situation politique et sociale a fait naître, et que la flambée des prix ne fait qu'attiser.

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