Naufrage du Bugaled Breizh : Marine de guerre contre marine de pêche18/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2072.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Naufrage du Bugaled Breizh : Marine de guerre contre marine de pêche

Une nouvelle étude réalisée par l'Ifremer, un organisme scientifique renommé, et prise en compte par le juge d'instruction, semble confirmer que c'est bien un sous-marin qui a été la cause du naufrage du Bugaled Breizh, le 15 janvier 2004.

Ce chalutier de Loctudy, en Bretagne, avait coulé en quelques secondes dans la Manche, à proximité des côtes britanniques, entraînant avec lui ses cinq marins. Or, au moment du naufrage, des manoeuvres navales de l'OTAN engageant plusieurs sous-marins se déroulaient sur la même zone. Depuis quatre ans, les familles et les amis des marins disparus se battent pour connaître la vérité : s'agissait-il d'un accident de pêche, ou bien un bâtiment sous-marin a-t-il été la cause du drame ?

L'État, en la personne des ministres de la Justice et de la Défense de l'époque et des autorités judiciaires, avait alors tout fait pour disculper la marine de guerre. D'abord les juges avaient accepté pour argent comptant les déclarations des marines française, britannique et hollandaise affirmant qu'il n'y avait pas de sous-marins à proximité et que, de plus, la position des sous-marins était couverte par le secret défense. Puis, sur l'insistance des familles, les sous-mariniers britanniques avaient fourni, des mois après les faits, des documents prouvant qu'ils étaient ailleurs. La marine hollandaise avait fait de même. Quant à la marine française, elle s'était contentée de laisser dire que la présence d'un sous-marin français à cet endroit aurait été une absurdité. Ensuite les autorités avaient commandé au Bureau étude accident mer un rapport de 184 pages prouvant que ce ne pouvait pas être un sous-marin qui s'était pris dans le filet.

Mais comme il n'y avait ni choc sur la coque du Bugaled Breizh, ni tempête, ni obstacle naturel sur le fond, il fallait bien trouver une raison au naufrage. L'enquête officielle a avancé la thèse d'un filet qui se serait pris dans le sable, puis échafaudé tout un scénario sur la suite d'erreurs qui auraient été commises alors par l'équipage. Celui-ci, qui n'avait pas même eu le temps de lancer un appel de détresse, n'était plus là pour se défendre !

Ce qui est plus probant encore que les rapports et contre-rapports d'experts, c'est l'obstination même de l'État à nier toute responsabilité. Il faudra encore beaucoup d'obstination aux familles pour savoir la vérité, car c'est " la grande muette " qu'elles doivent faire parler.

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