La "maison à 15 euros", un arbre qui ne cache pas la forêt18/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2072.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La "maison à 15 euros", un arbre qui ne cache pas la forêt

Christine Boutin, la ministre du Logement, a lancé le 15 avril la " maison à 15 euros ", destinée à remplacer " la maison à 100 000 euros " de Jean-Louis Borloo. En effet celle-ci a fait long feu car, sur les 30 à 50 000 promises, seules quelques centaines au mieux devraient être achevées.

L'objectif, selon Boutin, est de faciliter l'accession à la propriété des ménages les plus modestes : pour pouvoir bénéficier de cette " maison à 15 euros " par jour, soit 450 euros mensuels, il faudra gagner entre 1 500 et 2 000 euros par mois. La différence avec le projet de Borloo est de dissocier l'achat de la maison de celui du terrain : pendant vingt-cinq ans maximum, on paiera pour la maison, et ensuite, pendant quinze ans, on continuera à payer pour acquérir le terrain sur lequel elle aura été bâtie. Christine Boutin dit espérer que, dès cette année, 5 000 maisons de ce type soient construites en supposant qu'il y ait des terrains disponibles dans des lieux pas trop éloignés des grands centres urbains.

Selon Boutin, ces maisons permettraient de " rendre possible le rêve de la propriété ". Un rêve qui risque cependant fort de tourner au cauchemar pour les occupants. Au total, une maison coûterait déjà entre 150 000 et 180 000 euros, avec un endettement pouvant aller jusqu'à quarante ans, sans compter les dépenses d'entretien et les réparations nécessaires sur une aussi longue période. Et la situation peut devenir intenable en cas de perte d'emploi, de baisse des revenus ou de séparation, voire de déménagement puisque, par ailleurs, le gouvernement incite les travailleurs à la mobilité pour chercher un emploi ! Et à ce moment-là, comment, et à quel prix, revendre une maison qui aura vraisemblablement perdu de sa valeur ?

Ces maisons à 15 euros ont tout d'un gadget pour tenter de masquer la pénurie de logements locatifs à des tarifs accessibles. Et même, à supposer qu'elles voient le jour au rythme évoqué par Christine Boutin, on sera bien loin du million de logements qu'il serait indispensable de construire.

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