Fournitures scolaires, essence, fioul : Les prix sont en hausse ce sont les salaires qui devraient l'être (éditorial des bulletins d'entreprise du 21 août 2000)25/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1676.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fournitures scolaires, essence, fioul : Les prix sont en hausse ce sont les salaires qui devraient l'être (éditorial des bulletins d'entreprise du 21 août 2000)

À peine rentrés de congés annuels, les salariés sont confrontés aux augmentations de prix. Pour nombre de familles, c'est le moment d'acheter les fournitures scolaires qui représentent une dépense importante et en croissance d'une année sur l'autre. Mais les hausses les plus choquantes concernent les produits pétroliers, tout à la fois l'essence ou le gazole et le fioul domestique pour le chauffage. Or, les prix de l'essence se sont véritablement envolés pendant les mois d'été. Pire encore pour le fioul. Pour ceux qui ont choisi ce moyen de se chauffer, la facture risque d'être augmentée de l'ordre de 40 % cet hiver.

Et qu'est-ce qui justifie ces hausses ? Rien, si ce n'est la soif de profit insatiable des compagnies pétrolières. Les bénéfices de BP, Exxon, Shell ou TotalFina-Elf, ont pourtant augmenté, l'an passé, entre 95 et 116 % suivant l'entreprise. Et ces pourcentages de hausses portent sur des masses colossales de profits. Ce qui n'empêche pas les compagnies pétrolières d'en vouloir toujours encore plus, en prenant la population en otage.

L'indignation soulevée est telle que le ministre de l'Économie, Fabius, a fait mine de s'insurger. Mais les grands trusts pétroliers sont trop habitués à manipuler les hommes politiques pour être impressionnés par les mimiques et les éclats de voix. Et ils savent surtout que ni Fabius ni aucun autre ne veulent leur faire de mal. Non pas que les gouvernements soient condamnés à l'impuissance ! Ils pourraient, s'ils le voulaient, taxer les profits réalisés par les trusts pétroliers et même les menacer de confisquer ces profits s'ils ne limitent pas leur appétit. Mais il n'en est pas question. Le gouvernement en reste, comme tous ses prédécesseurs, à taxer non pas les profits mais les consommateurs avec une taxe particulièrement élevée sur les produits pétroliers. Cette taxe est, comme la TVA, un impôt indirect, c'est-à-dire un impôt particulièrement injuste. Il frappe selon le même taux l'ouvrier se rendant à son travail avec une vieille voiture et le fils à papa milliardaire en voiture de sport.

Oui, le gouvernement pourrait baisser cette taxe et compenser son manque à gagner en prenant sur les profits de ces trusts pétroliers qui méprisent aussi ouvertement les intérêts de la grande majorité de la population. Mais il ne le fait pas car, pour ce gouvernement, comme pour tous les autres, le profit est sacré.

Les hausses de prix seront d'autant plus difficiles à supporter que les salaires, eux, ne sont nullement en augmentation. Car ce que le gouvernement et les médias appellent la " reprise économique " est surtout la hausse des profits des grandes entreprises. Pour les travailleurs, c'est toujours les salaires bridés, l'accroissement de la précarité, avec des paies dérisoires. Et c'est encore, et toujours, le chômage, même si le nombre officiel des chômeurs est en diminution.

Et les trusts pétroliers ne sont pas des moutons noirs : les grandes entreprises de l'industrie, du commerce ou du secteur bancaire n'ont aucune autre préoccupation qu'augmenter leurs profits et les revenus de leurs actionnaires. Peu leur importe que cela se réalise au travers de licenciements, de fermetures d'entreprises ou de salaires minables. Peu leur importe que les consommateurs ou l'environnement en subissent les conséquences. Ceux qui exploitent les salariés en tant que travailleurs, qui les volent en tant que consommateurs et qui polluent l'environnement pour tous, sont les mêmes grands groupes capitalistes irresponsables à l'égard des intérêts de la majorité de la population. Ce sont eux, leurs propriétaires, leurs actionnaires, qui sont nos ennemis directs.

Que l'économie aille bien ou mal, aucun mécanisme économique ne limite leur pouvoir de nuisance. Pas plus que les gouvernements qui sont à leur service.

Le seul moyen de nous faire respecter, et en tant que travailleurs, et en tant que consommateurs, c'est de taper sur la table, c'est de réagir collectivement assez fort pour qu'ils tremblent pour leurs profits. Ce sont eux-mêmes qui nous l'apprennent jour après jour.

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