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- Lutte ouvrière n°1676
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Dans le monde
Russie : La " grande muette " n'est pas que russe...
Les médias n'ont guère eu de mal à relever les versions contradictoires avancées par les autorités russes quant à la disparition des 118 matelots du sous-marin Koursk. Ni à souligner leur mépris tant pour la vérité que pour les souffrances des familles des sous-mariniers, laissées dans l'ignorance, puis abusées sur ce qui était, ou plutôt, n'était pas tenté pour sauver leurs proches.
Des commentateurs y ont vu la marque de ce qu'ils appellent la " tradition " russe du secret, de la désinformation, de l'indifférence pour le sort des sans-grade, d'une chaîne de commandement se voulant infaillible et ne tolérant pas d'être mise en question, et encore moins de devoir rendre des comptes.
Mais ces journalistes n'auraient-ils pas été plus convaincants, et simplement honnêtes, s'ils avaient rappelé que cette " spécificité " est partagée par tous les Etats et leurs armées, à commencer par les plus puissants d'entre eux ?
La liste a beau en être fournie, peu de journaux, radios et télévisions ont évoqué d'autres catastrophes sous-marines. Celle, par exemple, du Scorpion, un sous-marin nucléaire américain disparu avec ses 99 hommes au large des Açores en 1969 et sur laquelle, 31 ans après, rien n'a été révélé au grand public et aux familles des victimes. Ou encore celle des 122 hommes du Tresher, lui aussi américain, six ans plus tôt, dont on ne sait toujours pas grand-chose.
En ce domaine, la France détient un sinistre palmarès. Depuis la Seconde Guerre mondiale, quatre de ses sous-marins (2326, Sybille, Minerve et Eurydice) ont coulé avec leurs équipages, dans le silence quasi total des autorités et de la presse, à l'époque et jusqu'à ce jour. Censure militaire, auto-censure des médias... ou les deux à la fois ?