Ela Pro (Creutzwald - Moselle) : Les travailleurs n'acceptent pas la fermeture25/08/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/08/une-1676.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ela Pro (Creutzwald - Moselle) : Les travailleurs n'acceptent pas la fermeture

De retour du week-end du 14 juillet, les 28 employés d'Ela Pro à Creutzwald sont entrés dans une usine en partie vide : le patron avait déménagé dans le week-end bon nombre de machines. Un cadre de la maison-mère présent sur les lieux, interpellé par les ouvriers, leur répondit : " J'en ai rien foutre, je pars en vacances ! " Dans la foulée, l'entreprise a été mise en liquidation judiciaire. Et pourtant elle faisait encore des bénéfices l'an dernier.

Ela Pro produit des joints, essentiellement pour une autre usine de la région (Roto-Frank à Faulquemont). Elle s'est installée à Creutzwald il y a tout juste 5 ans. Le patron devait employer 50 salariés et a reçu pour cela près de 2 millions d'aides publiques directes et indirectes (dont 1 085 000 F du Fonds d'Industrialisation et 227 000 F de la Région Lorraine). Le matériel de l'entreprise aurait été payé 4 millions de francs en 1995 mais, quand l'expert comptable a fait l'inventaire fin juillet, il n'en a trouvé que pour 402 800 F. C'est dire que cela sent le chasseur de primes et la magouille à plein nez.

Organisés dans une section CGT, et avec l'aide des militants de la CGT et du PCF du secteur, les salariés n'acceptent pas de se retrouver jetés à la rue comme cela et le font savoir. Ils réclament le paiement d'une prime de licenciement de 50 000 F et deux ans de convention de conversion. Ils ont multiplié les démarches, les manifestations sur la voie publique, à la mairie et à la préfecture, souvent à quelques-uns, mais toujours avec détermination. Leur salaire de juillet - tout juste le SMIC - n'était toujours pas payé le 18 août.

Leurs actions rencontrent la sympathie des travailleurs et l'écho des médias, qui réagissent sur la façon de faire de ce petit patron arrogant et âpre au gain, ce patron qui osait traiter les ouvrières de " feignasses ". Ajoutons qu'Ela Pro est tout proche de l'usine Grundig où des dizaines de millions d'aides publiques ont été engloutis : en pure perte pour la collectivité, mais pas pour les patrons petits et grands qui en ont fait des profits.

Correspondance

Christiane NIMSGERN, conseillère régionale Lutte Ouvrière, a adressé ce courrier au président de la Région Lorraine :

" Ayant rencontré les salariés de l'entreprise Ela Pro de Creutzwald dont l'entreprise est en liquidation judiciaire, je vous écris pour que la Région intervienne à tout niveau, y compris judiciaire, pour obtenir que le patron de l'entreprise, M. Arno Andres, rembourse l'ensemble des aides publiques directes et indirectes reçues, y compris en demandant la saisie des biens personnels des dirigeants et actionnaires de l'entreprise.

Ela Pro devait créer 50 emplois. Or, cinq ans après, l'entreprise n'en employait au moment de sa liquidation que 28. Elle était bénéficiaire l'an dernier et il semble pour le moins étrange que la fermeture intervienne tout juste au bout de cinq ans, au moment où cessent les allégements de toutes sortes dont bénéficient les entreprises au prétexte de la création d'emplois.

[...] Il serait normal que le patron d'Ela Pro rembourse la totalité des aides et - si aucune solution de reprise n'est envisagée - que ces fonds servent à indemniser les travailleurs licenciés (cela représente plus de 70 000 F par salarié).

[...] Cette affaire, après celle de Grundig, de JVC, de Panasonic et de bien d'autres, montre que les aides aux entreprises servent trop souvent à enrichir de grands groupes qui n'en ont nullement besoin ou des aigrefins qui profitent des fonds publics ".

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