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Leur société
Plan Eau : la soif de profits
En mars dernier, le gouvernement avait annoncé en grande pompe un plan Innov eau, censé aboutir d’ici 2030 à « une gestion résiliente et concertée de l’eau ». Lundi 21 août, il a dévoilé une liste d’une douzaine de sites industriels, sur cinquante au total, qui seraient « incités » à réfléchir à la manière d’économiser leur consommation.
Parmi eux, des géants comme ArcelorMittal, Ugitech, Saint-Gobain, TotalEnergies. Des groupes qui auraient largement les moyens, en puisant dans leurs bénéfices passés et présents, de financer une rénovation de leurs installations ou une modification de leurs procédés de fabrication pour consommer moins d’eau. Mais non. Les industriels sont assistés en permanence par l’État, qui met à leur disposition, et c’est là tout l’intérêt du plan Eau, un fonds de 100 millions d’euros. Les patrons doivent en permanence être « incités » à être vertueux, et il n’est bien sûr pas question d’une quelconque contrainte ou d’une simple vérification de la manière dont cet argent sera employé.
Pour lutter contre la sécheresse croissante entraînée par le réchauffement climatique, il faudrait naturellement organiser et planifier une gestion rationnelle de l’eau, à commencer par la rénovation et la modernisation du système de distribution. Celui-ci date en grande partie des années 1970 et serait responsable d’une déperdition de près de un milliard de mètres cubes d’eau chaque année, soit 20 % de la production totale, et jusqu’à 40 % en outre-mer. Une rénovation qui est le cadet des soucis des trusts de l’eau, tels Veolia, Suez ou la Saur, qui ne se privent pourtant pas d’augmenter les tarifs pour leurs clients, les particuliers et les communes. Dans la société capitaliste, l’eau n’est qu’une marchandise comme une autre, et donc soumise au profit et à la rentabilité.