Migrants : assassinés en Arabie saoudite… et ailleurs23/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/08/2873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Migrants : assassinés en Arabie saoudite… et ailleurs

L’ONG Human Rights Watch a dénoncé le 21 août le massacre par des gardes-frontières saoudiens de centaines de migrants, majoritairement éthiopiens, qui tentaient de gagner l’Arabie saoudite.

Plusieurs dizaines de témoignages de survivants permettent d’établir qu’entre mars 2022 et juin 2023, 450 femmes, hommes et enfants, en plusieurs groupes, ont été tués, mitraillés ou visés par des tirs de mortiers, pendant qu’ils empruntaient des sentiers de montagne pour pénétrer en Arabie saoudite depuis la frontière nord du Yemen.

Les témoignages et les vidéos décrivent des scènes d’horreur : « Il y a des gens qu’on ne peut pas identifier parce que leurs corps sont dispersés de partout. Certaines personnes ont été déchirées en deux. » Certains ont rapporté que les gardes-frontières saoudiens descendaient de leurs postes de surveillance et frappaient les survivants. Coups, humiliations, viols ont aussi été relatés.

Parmi les 50 % d’Éthiopiens vivant sous le seuil de pauvreté, dans ce pays de 123 millions d’habitants, beaucoup tentent de passer en Arabie saoudite où travaillent déjà 750 000 de leurs compatriotes. L’éprouvant périple vers ce pays passe par une courte mais dangereuse traversée en mer Rouge depuis Djibouti jusqu’au Yemen et à la frontière saoudienne. Mais à l’arrivée, outre des conditions de travail et de vie qui se passent de commentaires, c’est la traque et la prison qui attendent les migrants. 30 000 d’entre eux se trouvent déjà détenus faute de papiers, selon Amnesty international. Les dirigeants saoudiens, comme bien d’autres sur d’autres continents, déclarent vouloir maîtriser le « flux migratoire », et les plus pauvres parmi les 37 % de non-Saoudiens qui entretiennent la richesse de la famille régnante sont des cibles toutes trouvées.

Ces témoignages, l’atrocité de la situation, ne peuvent que soulever l’indignation. Cela ne dédouane pas les États occidentaux qui traitent, eux aussi, les être humains désespérés tentant de franchir les frontières pour survivre comme des gêneurs dépourvus de droits, à les repousser au mépris de leur vie. Les dirigeants des États de l’UE, qui se prétendent civilisés, sont tout aussi coupables, eux qui ont calmement décidé, non seulement d’ériger des frontières de plus en plus étanches, mais de réduire les activités de recherche et de sauvetage en mer. C’est volontairement que les dirigeants européens ont agi pour verrouiller la frontière terrestre entre la Turquie et la Grèce, à coups de subventions. C’est volontairement qu’ils subventionnent les camps de concentration libyens et qu’ils négocient avec le président tunisien, chassant les réfugiés subsahariens vers la mort dans le désert. C’est volontairement qu’ils criminalisent l’action des organisations humanitaires d’aide aux migrants.

Comme le résume un chroniqueur de l’ONG HRW : « La politique des dirigeants de l’UE et des États membres peut se résumer en trois mots : laissez-les mourir. »

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