Disney : pas de magie sans travailleurs23/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/08/2873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Disney : pas de magie sans travailleurs

Un salarié du parc Disney de Marne-la-Vallée a appris le 14 août qu’il était licencié. Le motif : un client mécontent de sa gaufre se serait plaint auprès de la direction !

Cinq autres salariés ont été convoqués les 25 juillet et 8 août par la direction à un entretien préalable pouvant aller jusqu’au licenciement.

La raison principale, bien sûr, est ailleurs. Au printemps, le parc Disney a connu un mouvement tel qu’il n’y en avait jamais eu depuis son inauguration, en 1992. Animé par un groupe de salariés réunis en un comité MAI (mouvement anti- inflation) et relayé par les syndicats CGT et UNSA, ce mouvement a réuni plus de mille salariés, qui au point culminant, le 30 mai, ont manifesté dans le parc pour revendiquer 200 euros pour tous, les dimanches payés double, le doublement de l’indemnité kilométrique et l’arrêt des horaires flexibles.

C’est cette contestation que la direction de Disney ne digère pas. Cherche-t-elle à faire parmi les salariés qui se sont battus des « licenciés pour l’exemple » ? Essaye-t-elle ainsi d’empêcher de nouvelles grèves sur les salaires ?

Le prétexte invoqué pour justifier ce licenciement est d’autant plus ridicule que des clients manifestent en permanence leur mécontentement sur tel ou tel aspect de leur séjour. Mais la direction ne prend pas plus en compte le mécontentement des clients contre la hausse brutale des tarifs que celui des salariés quant aux salaires et aux conditions de travail. Et pourtant, un certain nombre de visiteurs ont exprimé leur solidarité avec les grévistes.

Le 10 août dernier, Disney déclarait : « S’agissant de la division parcs d’attractions, le chiffre d’affaires trimestriel a progressé de 13 % à 8,3 milliards de dollars, avec une marge opérationnelle en hausse de 11 % à 2,4 milliards de dollars.» Autant dire que les Picsou de la direction ont largement les moyens de satisfaire les revendications des salariés. L’enrichissement des actionnaires se fait grâce à leur travail.

Le mouvement a appris aux travailleurs du parc qu’ils pouvaient s’exprimer collectivement. Cette mobilisation, avec le comité de préparation MAI, est une première étape pour préparer un mouvement plus large, capable d’imposer l’augmentation des salaires et leur alignement sur la hausse des prix.

Alors que les négociations annuelles obligatoires sur les salaires débutent en septembre, le licenciement d’un salarié et les menaces contre cinq autres montrent en tout cas que la direction craint les travailleurs qui relèvent la tête.

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