BRICS : la faute au dollar, ou à l’impérialisme ?23/08/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/08/2873.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

BRICS : la faute au dollar, ou à l’impérialisme ?

Johannesburg, grande ville sud-africaine, a accueilli du 22 au 24 août le quinzième sommet des BRICS, acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (South Africa). À l’ordre du jour, leur éventuel élargissement et l’affirmation de leur volonté d’échapper à l’emprise du dollar sur leur commerce international.

L’acronyme BRICS a été inventé, au début du siècle, par la grande banque d’affaires américaine Goldman Sachs pour des pays dits émergents, donc plus ou moins pauvres, mais au potentiel économique intéressant pour les capitalistes et États occidentaux.

À l’époque, certains présentaient les BRICS, aujourd’hui forts de presque la moitié de la population du monde et de 40 % de sa production, comme pouvant changer la donne mondiale, dominée par l’impérialisme. Il n’en fut rien et l’on ne parla plus guère des BRICS, tandis que les réunions des sept grandes puissances impérialistes, le G7, occupaient la scène.

Aujourd’hui, les BRICS voudraient desserrer le joug que leur impose l’impérialisme et trouver une solution pour ne plus devoir en passer par le dollar, arme et symbole de la toute-puissance du capitalisme américain. Pourquoi en effet la Chine commerçant avec la Malaisie, ou l’Inde avec le Brésil, devraient-elles acheter de la monnaie américaine pour régler leurs échanges ?

Cela semble n’avoir pas de sens. Mais cela a une signification : c’est le reflet et le résultat d’un rapport de force à l’échelle mondiale, où la bourgeoisie américaine occupe de loin la première place depuis des décennies. On en a la traduction en chiffres : les réserves de change de tous les États sont à 59 % constituées de dollars, auxquels s’ajoutent 20 % d’euros, 5,5 % de livres sterling et 4,8 % de yens japonais, tandis qu’il n’y a que 2,6 % de yuans, la monnaie de la Chine !

En la matière, il ne sortira sans doute pas grand-chose de concret de Johannesburg, car les systèmes monétaires des BRICS n’ont pas grand-chose en commun. Et puis, les classes dominantes et dirigeantes de ces pays ont des intérêts bien souvent divergents.

Mais, derrière les commentaires des médias sur ce sommet, une question se pose qui, pour ne pas être nouvelle, garde toute son actualité.

Pour changer le sort de ces pays, de leurs populations, suffit-il de se passer du dollar ? Si tant est que cela puisse se faire, cela ne changera rien de fondamental, car la cause du malheur des peuples, ce n’est pas telle ou telle monnaie d’une grande puissance, mais le système d’oppression et d’exploitation capitaliste dont le dollar, l’euro et leurs pareils ne sont que des moyens, pas la cause.

Pour que l’Afrique, l’Asie et finalement toute l’humanité échappent aux fléaux qu’engendre partout le capitalisme, c’est ce système qu’il faut abattre. C’est cette perspective socialiste qu’il faut se donner et que les révolutionnaires doivent donner aux classes laborieuses, dans les BRICS comme ailleurs.

Ce n’est évidemment pas dans ce sens que les dirigeants des BRICS inscrivent leur démarche. Ils veulent seulement s’assurer une plus grande place dans un système capitaliste qu’ils ne mettent pas en cause. Et cela au profit des possédants et des couches dirigeantes de leurs pays, pas pour leurs populations dont les Modi, Xi Jinping, Lula ou Poutine – représenté par un de ses ministres, car menacé d’arrestation par la Cour pénale internationale – sont et restent les ennemis.

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