Bâtiment : jugement pour la mort de deux ouvriers15/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2846.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bâtiment : jugement pour la mort de deux ouvriers

Début février comparaissaient au tribunal correctionnel de Bobigny sept hommes, et trois entreprises en tant que personnes morales, pour leur responsabilité dans la mort de deux ouvriers sur un chantier d’Épinay-sur-Seine, le samedi 8 juin 2019. Le verdict sera rendu ultérieurement.

Ce jour-là, a fait valoir l’expertise, alors que ces travailleurs œuvraient au 18ème étage à la rénovation thermique à l’extérieur d’un immeuble appartenant au bailleur social social Plaine Commune Habitat, leur nacelle s’est détachée à cause d’un défaut d’ancrage, les précipitant dans le vide.

Le procès a fait ressortir toutes les failles ayant conduit à leur mort. Alors que des rafales de vent touchaient la région, aucun des chefs de chantier n’avait jugé bon d’interrompre les travaux. De plus, embauchés une semaine avant le drame, les deux ouvriers n’avaient reçu aucune formation pour les travaux en hauteur.

Mais, surtout, la sous-traitance en rafale a une responsabilité dans ce drame. La société SIR pour laquelle ils travaillaient, et dont le gérant est en fuite en Égypte, était sous-traitante d’une autre entreprise, ISO Système, elle-même travaillant pour le compte d’une troisième, Isore Bâtiment, qui avait sous-traité à la société Technimat l’installation de l’échafaudage. Quels contrôles avaient été effectués à chaque étape ? Dans ces conditions, il est facile à chacun de se défausser en renvoyant la responsabilité de l’accident sur une autre entreprise que la sienne.

Sous-traitance en cascade, mesures de sécurité sommaires, travail au noir, aucune formation aux travaux dangereux donnée aux ouvriers sont des pratiques d’autant plus courantes sur les chantiers que les contrôles sont insuffisants, voire inexistants, par manque d’inspecteurs du travail. Avec en moyenne trois morts par jour, soit plus de 1 000 sur un an, la France est parmi les pays européens comptant le plus d’accidents et de décès.

Partager