Chiffres du chômage : du flou dans le halo15/02/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/02/P14-4_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Chiffres du chômage : du flou dans le halo

« On a le taux de chômage le plus bas depuis quinze ans », s’est félicité Gabriel Attal, ministre des Comptes publics. « Depuis quarante ans », a renchéri Élisabeth Borne, quitte à rectifier un peu plus tard : « le plus bas pour la deuxième fois depuis quarante ans ».

Illustration - du flou dans le halo

L’Insee vient en effet d’annoncer un taux de chômage stable au quatrième trimestre 2022, et même en légère baisse de 0,1 % par rapport au trimestre précédent. L’annonce fournit au gouvernement une occasion, rare en ce moment, d’afficher ce qu’il considère comme une bonne nouvelle sur le plan social.

Mais, derrière ce qui n’est qu’un trompe-l’œil, la réalité du chômage pour des millions de travailleuses et de travailleurs dans le pays est toujours aussi insupportable. Car les chiffres présentés par l’Insee ne résultent, il faut le rappeler, que d’une enquête emploi selon les critères du Bureau international du travail, le BIT, et non de la photographie des inscrits – ainsi que des non-inscrits– à Pôle emploi. Or ceux-ci sont toujours nombreux. Au 4e trimestre 2022, ils étaient plus de 5,4 millions en France et Outre-mer, sans compter Mayotte, dans les trois premières catégories définies par Pôle emploi. Ils étaient plus nombreux encore si l’on ajoute les inscrits des deux autres catégories qui recherchent un emploi, et figurent dans ce que les statisticiens nomment le « halo » du chômage. À ces chiffres de Pôle emploi, il faudrait ajouter celui des non-inscrits, qui n’y croient plus, et les radiés, quel que soit le motif, souvent accidentel, de leur radiation. Ces derniers ont curieusement vu, selon les chiffres émanant du ministre du Travail, leur nombre grossir fortement lors de ce même 4e trimestre.

En outre, il n’est pas besoin de gratter beaucoup pour constater que le chômage des jeunes reste fort élevé, dépassant 18 % des actifs, ainsi que celui des seniors, parmi lesquels deux tiers des 60-64 ans n’ont pas de travail. Ces chiffres démontrent bien où vont les choix du gouvernement. À un bout de la pyramide des âges, les 800 000 postes d’apprentis créés et financés quasi gratuitement pour les employeurs n’ont en rien réglé le chômage des jeunes. À l’autre bout, la prétention d’agir pour que les seniors gardent un emploi est bien une tromperie.

Il ne saurait être question de prendre pour argent comptant les chiffres de l’Insee, qui sont le référentiel choisi par le gouvernement pour continuer d’appliquer sa scandaleuse réforme de l’Assurance chômage dont, depuis le 1er février, la conséquence est de diminuer de 25 % la durée d’indemnisation des nouveaux inscrits à Pôle emploi.

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