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- Lutte ouvrière n°2483
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Leur société
Il y a dix ans : le mouvement contre le CPE
En janvier 2006, le contrat première embauche (CPE) avait été présenté par le gouvernement de droite de Villepin comme un outil de la lutte contre le chômage des jeunes. Le CPE, destiné aux jeunes de moins de 26 ans, était assorti d’une période de consolidation de deux ans, pendant laquelle le patron pouvait rompre le contrat de travail sans indiquer de motif. Si le salarié rompait le contrat, il était considéré comme démissionnaire et n’avait pas droit au chômage. Présenté dans la « loi pour l’égalité des chances », le CPE condamnait les jeunes travailleurs à une précarité légalisée, tout en étant pain béni pour le patronat.
La riposte ne se fit pas attendre. Des manifestations rassemblèrent vite des centaines de milliers de jeunes, en partie à l’appel des syndicats étudiants et lycéens, dont les directions étaient souvent liées au Parti socialiste (UNEF, UNL…). En même temps, des dizaines d’universités étaient en grève. Sans doute hanté par le spectre de Mai 68, le gouvernement envoya les CRS évacuer la Sorbonne, qui resta interdite d’accès pendant un mois et demi.
Le 28 mars, lors d’une grève interprofessionnelle, puis de nouveau le 4 avril, 1 à 3 millions de personnes manifestaient. Ce n’était plus seulement les jeunes, mais tout le monde du travail qui se mobilisait. Le 10 avril, alors que la loi avait été votée et même promulguée, le gouvernement dut annoncer le retrait du CPE.
Comme le montra cette mobilisation, le gouvernement le plus propatronal, le plus arrogant peut être obligé, sous la pression de la rue, à manger son chapeau. Puissent les leçons de 2006 être utiles en 2016 !