Harsco – Imphy : un scandale sanitaire ?02/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2483.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Harsco – Imphy : un scandale sanitaire ?

La ville d’Imphy, près de Nevers, est celle des aciéries et aciers spéciaux. Anciennement entreprise Creusot-Loire, c’est maintenant Aperam (ArcelorMittal) et Aubert et Duval qui se partagent le site. Cette activité a généré depuis plus d’un siècle au moins 250 000 tonnes de résidus de fonderies – les laitiers. Ils sont accumulés sous forme de grands crassiers sur la commune limitrophe de Sauvigny-les-Bois, entre la Loire et la ligne de chemin de fer, en zone inondable.

En 2009, en accord avec Aperam, la société ­Harsco s’y est implantée avec l’aval des autorités. ­Harsco Minerals est l’un des spécialistes mondiaux de la récupération de déchets métallurgiques. Il s’agit de récupérer certains métaux lourds de valeur, comme le nickel, présents dans les laitiers. Mais les crassiers contiennent aussi silice, amiante, arsenic, chrome 6, mercure, plomb, zinc, cyanure, etc.

Depuis son implantation, Harsco a d’abord traité les crassiers « historiques » d’Imphy, elle continue maintenant avec les laitiers d’Aperam et ceux d’autres usines comme Aubert et Duval aux Ancizes dans le Puy-de-Dôme. Au moins 600 000 tonnes ont été broyées et filtrées sur place. Une vingtaine de travailleurs y sont employés, avec de simples masques comme seule protection...

Cela s’est transformé aussi en cauchemar pour le voisinage : quand l’entreprise tourne, produisant des nuages de poussières impressionnants, de fines poussières se déposent et s’infiltrent partout dans les maisons, en plus du bruit occasionné par la noria de camions, même pas bâchés au début…

Quand des riverains, dont beaucoup d’anciens travailleurs des Aciéries d’Imphy, s’alarment, ils apprennent qu’aucune mesure ni analyse des poussières n’a été faite, alors qu’elles devaient l’être deux fois par an. Les premières faites par Harsco en 2012 seraient « bonnes », mais c’est tout ce qu’on en sait.

Il a fallu attendre ces derniers mois pour que soient placées des « jauges Owen ». Mais elles permettent de mesurer seulement les résidus qui se déposent, pas l’atmosphère respirée. De même, d’après Harsco, il n’y aurait pas d’écoulement vers la Loire, mais cela n’a pas été contrôlé.

Les habitants voisins sont touchés par des problèmes de santé qui semblent bien liés à cette poussière respirée : atteintes des bronches, des poumons, de la thyroïde… En l’absence de réaction des autorités, ils ont décidé de se former en association, d’alerter la presse et de porter l’affaire au tribunal, non seulement pour eux mais pour les travailleurs du site et pour l’environnement.

Un exemple de plus d’entreprises qui, pour réaliser des profits, s’assoient sur les risques pour la santé des travailleurs et des habitants.

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