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- Lutte ouvrière n°2483
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Editorial
Contre la loi El Khomri : participer aux grèves et aux manifestations du 9 mars
Journées de 12 heures contre 10 actuellement ; possibilité d’enchaîner des semaines de 46 heures, jusqu’à 48 et même 60 heures ; repos journalier de 11 heures fractionnable ; heures supplémentaires moins majorées ou plus majorées du tout ; licenciements économiques facilités ; indemnités prud’homales plafonnées… La droite n’avait pas osé, Hollande et Valls s’apprêtent à le faire !
Une fois de plus, ils prennent pour alibi la lutte contre le chômage. Celle-ci a servi de prétexte à la loi de 2013 qui a légalisé le chantage à la compétitivité. Elle a justifié le paquet-cadeau de 41 milliards pour le patronat, puis la loi Macron qui a étendu le travail de nuit et du dimanche. On attend toujours les emplois. Et il faudrait, en plus, accepter la démolition du Code du travail !
Les lamentations patronales sur le manque de flexibilité et « l’angoisse d’embaucher » sont indécentes. Plus de 80 % des embauches se font en CDD, des contrats d’une semaine, de 15 jours, d’un mois. L’intérim, les petits boulots et les périodes de chômage sont le lot de la jeunesse ouvrière et de la plupart des chômeurs. Et le gouvernement voudrait que cela devienne la règle ?
En quoi faciliter l’allongement du temps de travail et les heures supplémentaires pourrait-il déboucher sur des embauches ? Faciliter les licenciements collectifs et individuels augmentera le nombre des chômeurs, mais sûrement pas les emplois.
En plafonnant les indemnités prud’homales et en élargissant le recours aux licenciements économiques, le gouvernement donne au patronat un permis de licencier et même un droit au licenciement abusif. Alors qu’il faudrait, au contraire, demander des comptes à Renault, PSA, Carrefour, La Poste, Sanofi pour les millions qu’ils ont encaissés tout en supprimant des emplois.
Salaires, durée du travail, droits syndicaux : le patronat a déjà divisé les salariés en autant de statuts différents. La loi El Khomri veut généraliser ce cas-par-cas et faire en sorte qu’à chaque entreprise corresponde un code du travail.
Tout serait négocié, nous dit le gouvernement, en laissant croire qu’il y aura plus de démocratie dans l’entreprise avec la mise en place du référendum. Mais où a-t-on vu de la démocratie dans l’entreprise et une égalité entre patrons et salariés ? Avec le chantage aux licenciements, le patronat a beau jeu d’imposer des sacrifices aux travailleurs, que ce soit au travers des accords ou des référendums d’entreprise.
Chaque patron pourra ainsi faire à sa sauce. Et la sauce patronale, on la connaît ! Alors, si nous laissons le gouvernement démolir le peu de droits collectifs qui nous reste, nous le paierons tous. Les salariés en CDI bien sûr, mais aussi les CDD et les intérimaires, dont la situation suivra la dégradation générale. Et il y aura bien sûr les jeunes à qui la loi promet la précarité à vie.
Cette réforme a déjà fait réagir de toute part. Du côté du PS, beaucoup demandent un texte plus « équilibré ». Quant aux frondeurs et à Martine Aubry, ils l’ont rejetée sur le ton de « trop c’est trop ». Mais les travailleurs auraient tort d’attendre quoi que ce soit de ces politiciens. Certains ne veulent peut-être plus assumer l’impopularité de la politique antiouvrière de Hollande, mais ils en portent tous la responsabilité, Aubry comprise.
Ce qui comptera, ce sera la réaction des travailleurs et leur capacité à descendre dans la rue. Pour cela, il faudra qu’ils passent outre l’absence de volonté des sommets syndicaux.
De la CGT à la CFDT en passant par FO, les confédérations se sont rencontrées. C’était une première depuis 2013. Et qu’a décidé cette intersyndicale « exceptionnelle » ? De ne rien décider ! Pas de date commune, pas de rendez-vous pour ceux qui veulent exprimer leur colère ! Eh bien, si les confédérations syndicales sont en dessous de tout, les militants et les travailleurs ne doivent pas l’être.
Des initiatives se préparent pour le 9 mars. Une grève est prévue à la SNCF contre une nouvelle réglementation du travail qui fait exploser toutes les limitations. Il y aura aussi grève à la RATP.
Des syndicats, la fédération CGT de la métallurgie et les syndicats de lycéens et d’étudiants appellent aussi à se mobiliser contre la loi El Khomri. La confédération CGT s’est finalement jointe à cet appel. La date a été choisie parce que c’était le jour où le projet de loi devait être présenté. Si le gouvernement a repoussé l’échéance, c’est la preuve qu’il redoute les réactions du monde du travail.
Eh bien, c’est une raison de plus pour se mobiliser et pour demander le retrait pur et simple de ce projet. Il faut, dès le 9 mars, faire grève et descendre dans la rue. Cette loi est une attaque sans précédent. La réponse doit être à la hauteur.
Éditorial des bulletins d’entreprise du 29 février 2016