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- Lutte ouvrière n°2483
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Leur société
Présidentielle : l’ère des primaires ou la caverne des illusions
Reprenant la formule pratiquée aux États-Unis, les primaires sont en train de faire école en France.
À droite, chez Les Républicains, ils sont déjà une dizaine sur les rangs, sans compter Sarkozy qui, dans un faux suspense, attend pour officialiser sa candidature. À gauche, la situation apparaît plus confuse. Le débat porte pour le moment sur la nécessité d’une telle primaire et surtout sur l’opportunité pour Hollande de s’y porter candidat. Mais cette pratique est présentée de tous côtés comme une avancée démocratique car, explique-t-on, ce serait les citoyens, et non les partis, qui choisiraient le candidat et du même coup la politique allant avec. C’est vite dit !
Tout au plus la préparation des primaires sert de prétexte à l’affichage médiatique de ceux qui se sont mis sur les rangs et vont, si l’on ose dire, amuser la galerie durant les mois qui précèdent l’élection.
La primaire peut permettre aux partisans de chaque camp, ou du moins à ceux qui font l’effort d’y participer, de croire qu’ils décident. Mais quant à choisir une politique et à la faire appliquer, c’est une grossière duperie.
Aux États-Unis, ces primaires sélectionnent à chaque fois deux candidats, les plus dotés financièrement, plus particulièrement par les grosses entreprises, qui mèneront une politique similaire, protégeant les intérêts du grand capital.
En France, il n’y a eu jusqu’à présent qu’un précédent : la primaire du PS qui, en octobre 2011, s’est conclue par un duel entre Hollande et Martine Aubry. Parmi les quatre autres candidats présents au premier tour de cette opération, Valls affichait un programme d’austérité déjà clairement antiouvrier, promettant dans une envolée « du sang, de la sueur et des larmes ». Bon dernier de la compétition, il n’obtenait que 5,63 % des votes des 2,6 millions des participants. C’est pourtant lui qui est actuellement Premier ministre et qui mène la politique que subissent les classes populaires, y compris ceux qui avaient participé à la primaire.
C’est une illusion de croire que les primaires peuvent influer en quoi que ce soit sur la politique qui sera menée. Pour cela il faudrait, au minimum, que les électeurs puissent révoquer ceux qu’ils avaient chargés d’exécuter une politique et qui en font une autre. Le spectacle mis en place au travers de ces primaires est bien loin, pour ne pas dire à l’opposé, de « l’avancée démocratique » qu’on nous promet.