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Dans les entreprises
Dassault : débrayages pour les salaires
Les débrayages se succèdent sur le site Dassault d’Argenteuil. Débutés avec quelques dizaines de travailleurs fin 2015, ils en ont regroupé en février jusqu’à 300, dans une usine qui en compte 1 200, dont près du quart en intérim ou en sous-traitance.
Mardi 1er mars, 150 grévistes sont allés rendre visite à la direction générale, qui de son côté avait convoqué les CRS. Le mécontentement porte surtout sur les salaires. Alors même que le chiffre d’affaires de 2015 est en hausse de 13 %, la direction avait annoncé qu’elle allait privilégier les investissements. C’était donc ceinture pour les salaires : 0 % pour 2016… comme en 2015 !
Il s’agit d’une véritable provocation. Après les contrats d’exportation obtenus pour le Rafale, le PDG, Trappier, s’était répandu dans la presse pour affirmer, la main sur le cœur, qu’il s’agissait là « d’une bonne nouvelle pour tout le monde, que des milliers d’emplois allaient en résulter », en bref, que ce qui était bon pour Dassault le serait également pour ceux qui travaillent pour lui. C’était du gagnant-gagnant, affirmait-t-il.
Dassault n’a pourtant pas attendu ces fameux contrats à l’export pour être le seul grand gagnant. Au cours des cinq dernières années, il a vu sa fortune personnelle passer de 7,5 milliards d’euros à 17,5 milliards d’euros. Sur cette même période, il a touché 248 millions d’euros de dividendes de la seule société Dassault Aviation (il en contrôle bien d’autres), soit plus de 500 euros par mois sur chaque salarié. Et il n’y aurait pas d’argent pour les salaires ! Un directeur général a pourtant eu le culot de déclarer : « Les salariés intelligents comprendront. »
Ce que les travailleurs intelligents comprennent, c’est que Dassault n’en aura jamais assez. Beaucoup débrayent parce qu’ils n’ont pas envie de se faire rouler sans même protester. Car, en plus des salaires bloqués, les pressions s’accentuent pour augmenter la productivité. Au lieu des prétendus milliers d’embauches promises, seules quelques dizaines sont effectives, ne remplaçant que tout juste les départs en retraite. Alors, c’est plutôt la cadence escargot que les travailleurs imposent sur les chaînes de montage.
Confrontée aux débrayages qui s’accentuent et se densifient, à Argenteuil comme dans d’autres sites, à Mérignac, à Biarritz et Argonay, la direction a dernièrement fait un pas de côté en accordant… 0,4 % d’augmentation générale. Mais les travailleurs exigent autre chose que des miettes.