Cooperl – Lamballe : c’est la grève !02/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2483.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Cooperl – Lamballe : c’est la grève !

L’abattoir de Lamballe, dans les Côtes-d’Armor, emploie plus de 2 000 travailleurs, dans ce qui est le plus gros abattoir de porcs en France. Les conditions de travail sont dures et les luttes rares. La dernière grève pour des augmentations de salaire datait de 2008 et s’était soldée par un échec au bout de quatre jours, devant l’intransigeance de la direction.

La direction du groupe Cooperl, qui s’est illustrée depuis plusieurs mois dans la crise dite du porc en refusant de payer aux agriculteurs le prix de 1,40 euro le kilo, a décidé de s’en prendre une nouvelle fois également aux salariés. Elle n’en est pas à son coup d’essai : il y a quelque temps, elle avait encore invoqué les difficultés liées à la crise agricole pour augmenter les cadences sur les chaînes d’abattage et modifier les horaires de travail, ce qui avait abouti à la perte du paiement des temps de pause.

Aujourd’hui, prétextant à nouveau que la filière porcine est en crise, le directeur général de la Cooperl veut geler les salaires pour 2016 et recalculer le 13e mois ainsi que la prime d’ancienneté, soit une perte mensuelle de plusieurs dizaines d’euros.

Dans les différents abattoirs du groupe, cela a provoqué la colère des travailleurs, qui ont décidé de réagir collectivement.

Les débrayages ont commencé jeudi 25 février, mobilisant plusieurs centaines de travailleurs dans toutes les équipes de production de l’abattoir de Lamballe, mais également dans celui de Monfort-sur-Meu, en Ille-et-Vilaine. À Lamballe, les travailleurs, après avoir bloqué plusieurs accès de l’entreprise, ont interpellé le directeur. Celui-ci a tenté de justifier les mesures d’économies en invoquant les efforts qu’avaient accepté de faire des exploitants porcins, adhérents de la coopérative ; un « effort auquel tout le monde doit participer ».

Devant un tel cynisme, et les négociations avec les organisations syndicales n’ayant rien donné, les travailleurs ont décidé de poursuivre la grève, qui a continué après le week-end, avec des piquets de grève aux abords de l’usine. Une centaine de travailleurs de l’usine de Monfort sont venus apporter leur soutien lundi matin 29 février. Pendant ce temps, la direction de l’usine se rendait, en toute désinvolture, au Salon de l’agriculture. Elle doit cependant craindre la colère des travailleurs, car elle fait appel aux gendarmes mobiles qui se sont déployés autour de l’abattoir.

Il n’y a aucune raison que les travailleurs fassent les frais des agissements d’un groupe dont le chiffre d’affaires est de deux milliards d’euros, qui s’agrandit et absorbe toujours plus de sociétés ; un groupe qui a versé à quelques hauts cadres une prime de fin d’année 2015 de 16 000 euros.

Les travailleurs disent également qu’ils ne veulent pas payer pour les amendes que le tribunal de Saint-Brieuc a infligées à la ­Cooperl lors du procès aux salmonelles, qui avait montré qu’elle n’hésitait pas à commercialiser de la viande contaminée.

Le combat s’annonce rude, mais la grève s’étend à l’ensemble des entreprises du groupe. C’est la meilleure arme des salariés pour faire reculer la direction.

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