Airbus – Toulouse : les patrons à l’offensive02/03/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/03/2483.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Airbus – Toulouse : les patrons à l’offensive

« Nous avons réalisé une amélioration significative de la profitabilité et de la création de cash » : c’est en ces termes qu’Enders, le PDG d’Airbus Group, a présenté les résultats 2015 à la presse, le 24 février. Avec un carnet de commandes de plus de 1 000 milliards d’euros, un bénéfice de 2,7 milliards, en hausse de 15 %, une trésorerie nette de 10 milliards d’euros, le trust Airbus Group se porte on ne peut mieux.

Mais ce sont les actionnaires qui vont profiter de toute cette manne, puisqu’il est prévu le versement d’un dividende de 1,30 euro par action, en hausse de 8 %. Ainsi, ils vont se partager un peu plus d’un milliard d’euros.

Par contre, pour les travailleurs, la situation se dégrade. Car il n’est pas question d’embaucher à la hauteur du surcroît de travail. Quand les patrons affirment que les embauches dépendent du carnet de commandes, ils mentent ! Ils n’embauchent pas, et font travailler davantage ceux qui sont déjà embauchés.

Ainsi, malgré un carnet de commandes qui ne cesse de s’étoffer, à l’échelle du groupe les départs à la retraite ne sont pas remplacés et les effectifs en CDI ont diminué de 1 % (moins 2 048 employés entre fin décembre 2014 et fin décembre 2015). À Toulouse, alors qu’il va falloir livrer cinquante A350 en 2016, alors que sont introduites les nouvelles versions A320neo, A330neo et le Béluga XL, les effectifs ouvriers ont baissé, passant de 2 155 en septembre dernier à 2 031 en décembre, soit moins 134 ouvriers ! Dans le même temps, les heures supplémentaires ont flambé. 117 155 ont été effectuées durant le quatrième trimestre 2015, ce qui correspond à 270 emplois. Durant ce trimestre, à Saint-Éloi, l’usine où sont fabriqués et assemblés les mâts, la moyenne des heures supplémentaires par salarié a été de 26,8 heures. La direction supprime des emplois, impose des heures supplémentaires et ose pleurer à longueur de pages dans la presse qu’elle ne trouve pas d’ouvriers !

Mais ça ne lui suffit pas. Pour ne pas embaucher, pour augmenter la productivité, à Toulouse mais aussi à Nantes et Saint-Nazaire, la direction veut imposer le pointage en bleu. En fait, elle veut augmenter le temps de travail, en sortant le temps d’habillage/déshabillage du temps de travail effectif. Contre cette nouvelle attaque, des débrayages ont lieu notamment dans les usines de Nantes et Saint-Nazaire.

Les travailleurs ont raison de ne pas se laisser faire. Car ce sont bien les ouvriers, les techniciens, les ingénieurs, les intérimaires et les milliers de travailleurs sous-traitants et autres prestataires de service, à leurs côtés ou dans leurs ateliers et bureaux respectifs, qui produisent ces richesses avec leurs mains et avec leurs cerveaux. Si on rapporte le bénéfice réalisé au nombre de salariés du groupe Airbus, chacun d’entre eux a rapporté 19 800 euros en 2015. À comparer avec le salaire d’embauche de 1 680 euros.

Quant aux ouvriers de la sous-traitance, ce sont eux qui sont frappés le plus durement, Airbus ayant demandé une nouvelle fois à ses fournisseurs de réduire leur marge de 10 %. La précarité est développée à outrance. Ainsi, à Cornebarrieu, tout près des usines Airbus, l’entreprise Kuehne+Nagel qui s’occupe de toute la logistique a, malgré l’augmentation des cadences, réduit ses effectifs de 5 % l’an dernier et emploie 50 % d’intérimaires en production.

Lors d’une réunion, Enders avait promis : « 2016 sera une année de sueur ». Eh bien, il faut souhaiter que lui et les actionnaires qui s’engraissent du travail des salariés suent aussi… mais de peur devant la colère des travailleurs.

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