Technocentre Renault – Guyancourt (Yvelines) : Pour les actionnaires, ça roule08/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2349.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Technocentre Renault – Guyancourt (Yvelines) : Pour les actionnaires, ça roule

Le 26 juillet, les dirigeants du groupe Renault ont publié les résultats du premier semestre 2013. Bien que les chiffres bruts (39 millions d'euros de bénéfice net) soient inférieurs à ceux du premier semestre 2012 (746 millions), leur communiqué vante le « succès des nouveaux modèles » et la « maîtrise des coûts ».

Il faut savoir que les patrons de Renault ont, de plus, provisionné 512 millions d'euros pour, selon eux, faire face au manque à gagner dû à l'embargo sur l'Iran, ainsi que 173 millions destinés à financer les milliers de suppressions de postes envisagées suite à l'accord compétitivité de mars 2013. Sans cette opération comptable, leur bénéfice est quasiment à la hauteur de celui du premier semestre 2012. On comprend pourquoi la Bourse a fait écho à la satisfaction des dirigeants de Renault, en affichant aussitôt une hausse de 5 % de l'action. Les actionnaires ont de quoi se réjouir, après avoir reçu cette année 508 millions de dividendes : avec 43 %, l'entreprise est troisième sur le podium des plus fortes hausses du CAC 40 au premier semestre.

Ces millions ne tombent pas du ciel. Au cours des dernières semaines précédant les congés, au Technocentre de Guyancourt, les pressions continuaient sur les salariés pour qu'ils quittent Renault. Dans le plan de compétitivité, véritable plan de régression sociale, les patrons prévoient 8 250 suppressions de postes sur l'ensemble des sites Renault en France, dont 2 500 dans les bureaux d'études. Tout est mis en oeuvre pour y parvenir et pour que le plus grand nombre possible de travailleurs prennent leur compte.

À plusieurs reprises, la hiérarchie a relancé certains salariés de 57 ans et plus pour qu'ils partent avant l'âge de la retraite... avec un salaire amputé. Et pour les plus jeunes, c'est paraît-il « l'occasion de découvrir d'autres métiers », en dehors de l'entreprise, bien sûr. Autre pression, certains directeurs continuent d'envoyer aux salariés des e-mails au cours du week-end, demandant que le travail soit effectué pour le lundi, ou bien des e-mails nocturnes. Ce sont aussi des appels bien en dehors des heures de travail, dans la soirée ou le week-end. Quant aux dossiers non terminés par les employés qui quittent Renault, ils sont transférés à leurs camarades de travail qui restent, augmentant ainsi la charge de chacun.

La direction prévoit aussi de mettre en prestation certains grands secteurs d'études actuellement traités par Renault. Les salariés concernés devront soi-disant choisir entre travailler dans une société de prestation ou être licenciés. Or les salariés de Renault qui travaillent tous les jours à leurs côtés ne connaissent que trop les conditions des quelques centaines de collègues prestataires : leurs contrats sont renouvelés tous les trois mois, ils sont informés au dernier moment s'ils sont repris ou non en prestation.

Quant aux travailleurs des usines, Renault a commencé, site par site, à tenter de leur imposer un allongement du temps de travail, sans les payer plus. Au contraire, les salaires sont quasiment bloqués. Des jours de RTT sont supprimés. Partout c'est la recherche de la productivité, au mépris des conditions de travail et des risques d'accidents.

Les millions annoncés, produits par le travail des salariés, doivent servir à augmenter les salaires, non les actionnaires !

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