Italie : Après sa condamnation pour fraude fiscale La pourriture de Berlusconi et celle du système08/08/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/08/une2349.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Après sa condamnation pour fraude fiscale La pourriture de Berlusconi et celle du système

Malgré toutes les manoeuvres de retardement de l'armée d'avocats dont s'entoure Berlusconi, celui-ci a finalement été condamné jeudi 1 er août de façon définitive. La Cour de cassation italienne a statué ce jour-là sur sa condamnation à quatre ans de prison pour la fraude fiscale et les autres délits pratiqués dans le cadre de sa société Mediaset. Mais cette condamnation, qui n'est que l'application laborieuse de la loi, suffit à mettre l'Italie au bord de la crise politique.

En fait, les quatre ans de la condamnation sont réduits à un an du fait d'une loi d'amnistie. De plus, du fait de son âge, Berlusconi n'ira pas en prison : pour effectuer sa peine il devra opter entre l'assignation à résidence et des travaux d'intérêt général. Mais, à titre de garantie qu'il ne se rendra pas à l'étranger, il a déjà dû rendre son passeport. Enfin, du fait d'une loi anti-corruption, il devrait être déchu de son mandat de sénateur.

D'autres procès sont en cours contre Berlusconi. Il est notamment condamné en première instance à sept ans de prison pour recours à la prostitution de mineure dans l'affaire de la jeune Ruby et des soirées « bunga-bunga », affaire dans laquelle il a fait appel. Bien sûr, après la sentence de la cassation comme après les autres, Berlusconi se dit innocent comme l'agneau et crie à la persécution qu'exerceraient contre lui des juges « communistes ».

Du côté des dirigeants de son parti, le PdL (Peuple de la liberté), l'attitude normale serait évidemment de prendre acte de la condamnation et de laisser leur leader régler ses problèmes judiciaires, sans considérer que le parti est impliqué. Mais non, reconnaissant au fond que le PdL n'est rien d'autre qu'une créature de ce magnat de l'audiovisuel et eux-mêmes ses serviteurs stipendiés, ses responsables lui emboîtent le pas. Et de parler d'atteinte intolérable à la démocratie, de faire appel au président de la République et d'exiger une réforme de la justice, puisqu'elle leur est défavorable !

C'est que Berlusconi et le PdL ont un atout en mains : après les élections de mars dernier, la seule solution gouvernementale trouvée a été la mise en place du gouvernement d'Enrico Letta, appuyé par le Parti démocrate de centre-gauche (PD) et par le PdL de Berlusconi. Le chantage est donc clair : ou bien l'on trouve le moyen de sauver Berlusconi et sa carrière politique, ou bien le PdL se retire de la coalition, provoquant la crise et des élections anticipées que le PD, qui s'est déjà bien déconsidéré au gouvernement, n'est pas du tout sûr de gagner.

Devant cette menace, les divers représentants de la bourgeoisie font savoir qu'ils tiennent avant tout à la stabilité gouvernementale, sans laquelle l'Italie pourrait de nouveau devenir la cible de la spéculation financière. En conséquence de quoi les partis de gouvernement sont appelés à faire preuve de « responsabilité ». Mais, Berlusconi et le PdL se montrant irresponsables et faisant passer le sort de leur escroc de leader avant celui du gouvernement et du pays, cela signifie que le PD est appelé à être responsable pour deux.

Après avoir avalé bien des couleuvres, à commencer par le fait de gouverner avec le PdL et le triste personnage qui le dirige, le PD est donc appelé à en avaler d'autres, par exemple en faisant passer des lois qui sauveraient la mise à Berlusconi. Il y est certainement prêt, mais non sans un mal au ventre croissant, qui pourrait bien déboucher sur une crise interne, voire une scission du PD.

Le PD, issu notamment de l'ex-Parti communiste qui a renié toutes ses idées, a fait de la responsabilité à l'égard de la bourgeoisie italienne son credo. Il a assumé sans broncher toutes les politiques d'austérité et les attaques antiouvrières qu'elle exigeait. Eh bien, le PD doit aussi assumer la pourriture du système politique qu'il prétend diriger, une pourriture dont le combinard mafieux et fraudeur Berlusconi est le plus beau spécimen. Quand on se veut « responsable » vis-à-vis de la bourgeoisie, il faut l'être jusqu'au bout, quitte à y laisser toute son influence.

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