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Chili : La colère des mineurs de Copiapo
Trois ans après, c'est dans l'indifférence la plus totale que la plainte que les mineurs avaient intentée contre l'État et les propriétaires a été classée sans suite. Pourtant, lors de leur libération, le président de l'État chilien Sebastian Pinera, homme d'affaires milliardaire, avait clamé haut et fort qu'il engagerait des poursuites contre les responsables, s'engageant à améliorer les conditions d'exploitation des mines. Distribuant à qui mieux mieux des morceaux de roches provenant de la mine, il s'efforçait toute honte bue de se forger une popularité sur le drame de ces mineurs.
Trois ans après, à l'issue de ce procès, l'un des mineurs confiait : « Ils m'ont enterré une seconde fois. »... sous des montagnes de papier, pourrait-on ajouter, puisque le ministère public défend le sérieux de ses investigations en se vantant des 112 tomes et des 20 000 pages de dossier, mais sa conclusion est un véritable déni de justice.
Toutes les preuves, au premier jour, accusaient les propriétaires de la mine ainsi que l'État, principal client et à ce titre coresponsable de la catastrophe. Cette mine avait été fermée en 2007 suite à un accident mortel. Elle avait été rouverte en 2008, de manière irrégulière selon un géologue, car les conditions structurelles avaient été radicalement modifiées par le premier accident. Mais ce sont bien les services de l'État qui ont délivré le permis d'exploitation, alors que les mises aux normes exigées, la ventilation et les galeries de secours n'ont jamais été réalisées. Cet « oubli » a pourtant été la cause principale du drame puisque les mineurs, lors de l'éboulement, n'ont disposé d'aucune sortie de secours.
Les mineurs réclament à l'État 500 000 dollars chacun, soit 376 000 euros. Pour ces rescapés, le retour à la vie normale ne s'est pas fait sans difficulté : seuls quatre d'entre eux sont retournés à la mine, d'autres ont monté un commerce avec les 10 000 dollars accordés par un millionnaire chilien en mal de publicité. Les autres vivotent tant bien que mal, en essayant de surmonter leur traumatisme. Quant aux propriétaires de la mine, ils sont sortis revigorés du procès, prêts à demander des comptes à l'État qui « avait eu le culot », d'après eux, de leur faire supporter 25 % des frais de sauvetage des mineurs. Ces mêmes propriétaires s'étaient dès l'accident présentés comme des victimes, arguant être de petits patrons en difficulté, peinant, après cet accident, à payer les salaires.
Ces vautours sortent pour l'instant vainqueurs du procès mais les mineurs ne comptent pas en rester là : leur porte-parole Luis Urzua a annoncé leur intention de faire appel et de saisir l'Organisation internationale du travail (OIT), en ajoutant : « Nous ne nous battons pas pour l'argent mais pour l'exemple ! »