CPCU – Compagnie parisienne de chauffage urbain : 13 ans après l'accident, la direction nie toujours sa responsabilité05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CPCU – Compagnie parisienne de chauffage urbain : 13 ans après l'accident, la direction nie toujours sa responsabilité

Un procès contre la CPCU (Compagnie parisienne de chauffage urbain) devant le tribunal correctionnel de Paris vient d'avoir lieu... treize ans après les faits ! C'est le 15 novembre 2000 qu'un accident dû à un dégagement de vapeur dans une galerie à la porte de Clignancourt avait fait quatre morts et dix blessés.

La CPCU est une entreprise filiale de GDF Suez (à l'époque des faits Lyonnaise des eaux) qui produit et transporte de la vapeur d'eau pour chauffer les immeubles d'habitation et de bureaux parisiens. Elle emploie environ 500 personnes, surtout des ouvriers et techniciens qui interviennent sur le réseau et dans les chaufferies. À ce procès, les syndicats CGT et SUD sont parties civiles, la direction étant représentée par le directeur actuel. Les membres de la direction de l'époque (rapidement mutés dans d'autres sociétés) ont « bénéficié » d'un non-lieu suite à l'enquête qui estimait que seule la société pouvait être impliquée. Pour le personnel, c'est vraiment une injustice car il estime que ce sont là les responsables.

Ce jour-là, il s'agissait de mettre en service une conduite de transport de vapeur sous pression de gros calibre située à 25 mètres de profondeur pour relier à l'Est parisien la nouvelle centrale de Saint-Ouen. Le procès n'a fait que démontrer ce qui s'était avéré évident, à savoir le manque de sécurité et les risques inconsidérés que la CPCU a fait prendre aux personnels intervenants. Le chantier, rendu complexe par le parcours de la conduite de 4 km passant sous des voies SNCF, un canal, et longeant le périphérique, avait pris du retard et il fallait que cette conduite soit mise en service au plus tôt, le froid étant là, et il ne fallait pas que ce retard nuise à la réputation de la CPCU. Les horaires de travail étaient démentiels, jusqu'à 20 heures pour certains techniciens. Il fallait tout faire vite, et par exemple certaines portes de sécurité étaient montées à l'envers, la gaine de ventilation était obstruée par des madriers...

Les employés de la CPCU, bien conscients de la responsabilité de leur direction, avaient fait grève après l'accident pour demander de meilleures conditions de travail. Au lendemain de l'accident, la direction avait versé des larmes de crocodile en réunissant le personnel et en indemnisant les familles des victimes. Mais au procès elle a continué de renvoyer la responsabilité aux intervenants, et notamment au responsable du chantier mort dans l'accident. Le procureur du tribunal a demandé à la CPCU 7 500 euros d'amende par victime et une somme de 225 000 euros. Des sommes bien dérisoires face aux milliards de bénéfice qu'affiche GDF Suez depuis des années.

Est-ce que les conditions de travail ont changé depuis ? La direction organise dorénavant un stage « vapeur » pour les nouveaux embauchés. Mais, pour ce qui concerne la vie sur les chantiers, la pression de la direction est toujours existante et la sécurité n'est toujours pas de mise, avec l'impréparation qui demeure et les heures supplémentaires qui entraînent fatigue et perte de vigilance. Alors, bien des travailleurs de la CPCU craignent qu'un nouvel accident grave se produise.

C'est bien la loi du profit qui a tué et blessé des ouvriers. Alors, pour préserver leur santé au travail et leur vie, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

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