Une « conférence sociale » pour préparer les reculs : Les directions syndicales se prêtent au jeu patronal05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Une « conférence sociale » pour préparer les reculs : Les directions syndicales se prêtent au jeu patronal

Une « conférence sociale » se tiendra les 20 et 21 juin, la deuxième du genre depuis l'élection de François Hollande. Dirigeants syndicalistes et représentants du patronat sont conviés à deux jours de « dialogue » sous l'égide du gouvernement, au cours desquels l'avenir des retraites sera le point principal à l'ordre du jour. Pas besoin d'être devin pour savoir ce qu'il en sortira.

François Hollande l'avait promis pendant sa campagne électorale : puisque « socialiste », il allait renouer avec le dialogue social. Deux mois après son élection, en juillet 2012, dirigeants des confédérations syndicales et représentants des patrons étaient donc conviés à deux journées de grand-messe – la Grande conférence sociale – sous les auspices du président de la République et du Premier ministre. Il s'agissait, affirmaient-ils, de discuter, de confronter des idées et des propositions et de rechercher des convergences, afin de construire une « feuille de route sociale » pour l'année à venir.

On a vu où la route a conduit. Vingt milliards de ristournes d'impôts ont été consentis aux patrons au titre du « maintien de la compétitivité des entreprises ». Quant aux salariés, ils ont eu droit à la généralisation de la précarité et de la flexibilité du travail, à leur inscription dans la loi dite de « sécurisation de l'emploi ». Tout cela avec la connivence des organisations syndicales, qui se sont prêtées à la manœuvre. Au point qu'à l'Assemblée nationale Michel Sapin, le ministre du Travail, a pu remercier lesdites confédérations syndicales pour leur collaboration, y compris, a-t-il pu ajouter en visant la CGT, celles qui n'ont pas signé l'ANI – l'Accord national interprofessionnel transposé depuis en loi – mais dont les remarques ont pu être prises en compte !

Un an plus tard, le gouvernement ressort le même scénario, convoque les mêmes acteurs pour une deuxième conférence nationale. Il s'agit en principe de « dialoguer » sur la formation professionnelle, la préparation des filières d'avenir, les conditions de travail, l'avenir des services publics, celui du système de protection sociale, dont... les retraites. Sur ce dernier point, le ton est donné par le refrain repris en chœur par tous les participants : puisqu'on vit plus vieux, il va falloir travailler plus longtemps. Porte-parole du patronat, Laurence Parisot annonce sa politique : allongement de la durée de cotisation à 43 années d'ici 2020 et recul de l'âge légal du départ en retraite à au moins 65 ans. Et, tout sourire, elle se félicite de ce que, seul, le « dialogue social » peut « faire avancer le pays ».

Avant même qu'elle se tienne, il est évident que le seul but de cette conférence sociale est d'impliquer les directions syndicales dans des décisions convoitées par le patronat et que le gouvernement s'apprête à lui concéder. Toutes les confédérations ont néanmoins décidé de participer à cette mascarade. Et quand le secrétaire général de la CGT en appelle à « se faire entendre, plus fort, ensemble », ajoutant « C'est tous ensemble qu'il va falloir nous mobiliser », c'est pour conclure que la CGT occupera sa chaise autour de la table.

Si cela indique quelque chose, c'est qu'il ne faudra pas compter sur les directions des confédérations syndicales pour combattre la politique du patronat et du gouvernement, mais uniquement sur la lutte collective des travailleurs et leur détermination à se faire respecter.

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