États-Unis : Liberté pour le soldat Manning !05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Liberté pour le soldat Manning !

Le procès du soldat Manning a commencé. Ce jeune soldat de 25 ans est accusé par l'armée américaine d'avoir téléchargé et envoyé à Wikileaks, quand il était employé à Bagdad par l'armée comme informaticien, quelque 700 000 documents classifiés. Poursuivi pour intelligence avec l'ennemi, il risque la prison à perpétuité.

Fils d'un Américain et d'une Britannique, ce jeune homme frêle était considéré pendant sa scolarité au Pays de Galles comme quelqu'un de cultivé et politisé, ce qui lui valait aussi d'être moqué. Mal dans sa peau, il a fini par s'engager à 20 ans dans l'armée américaine et s'est retrouvé, après ses classes, à Bagdad. Homosexuel, il supportait mal la règle hypocrite qui prévaut alors : ne pas en parler pour ne pas être chassé de l'armée.

Dans ce procès, Manning plaide coupable pour dix chefs d'accusation sur les 22 retenus contre lui. Certains sont fantaisistes, comme le fait de voir une preuve de sa trahison dans la présence de documents Wikileaks dans la planque de Ben Laden. L'État américain devrait alors poursuivre tous les journaux de la planète qui en ont publié de larges extraits, voire édité des suppléments spéciaux, contribuant ainsi à divulguer des secrets militaires tout en gagnant de l'argent !

Manning, lui, est désintéressé. Dans une déclaration préliminaire, il a expliqué que sa conduite avait été dictée par sa volonté de dénoncer les crimes, les abus et la corruption régnant dans l'armée américaine en Irak et en Afghanistan. Pour l'État américain, cela justifie les poursuites engagées mais, pour tous ceux qui ont dénoncé ces guerres injustes, il est un exemple à suivre. Des manifestants sont venus le soutenir lors de l'ouverture du procès.

Cette affaire rappelle celle des « papiers du Pentagone » pendant la guerre du Vietnam. En 1971 Internet n'existait pas, mais des documents classifiés avaient été photocopiés par un expert militaire, Daniel Ellsberg, qui les avait transmis au New York Times, qui les avait publiés. Ces 7 000 pages de documents montraient que la guerre du Vietnam était impossible à gagner et que les dirigeants américains avaient menti à leur peuple, tout comme Bush et Powell mentirent à leur tour en 2003 pour lancer leur guerre contre le peuple irakien.

Ellsberg avait été qualifié par Kissinger, qui menait alors la politique américaine, d'« homme le plus dangereux d'Amérique ». Mais, quarante ans après, ces papiers furent officiellement publiés et Ellsberg est devenu un exemple d'homme déterminé face au pouvoir aveugle. Interrogé sur le sort du soldat Manning, Ellsberg a d'ailleurs déclaré que, s'il est vraiment responsable de ce dont on l'accuse, alors il est son « héros ».

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