Le gouvernement et les autoentrepreneurs : Les « poussins » vont perdre des plumes05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le gouvernement et les autoentrepreneurs : Les « poussins » vont perdre des plumes

Les pigeons ont fait des émules. Voici maintenant les « poussins ». Mais les uns et les autres ne jouent pas dans la même (basse)-cour.

Les pigeons étaient des patrons de start-up mécontents de la fiscalité qui allait frapper la revente de leur entreprise. Le gouvernement Hollande-Ayrault étant plus qu'attentif à toutes les exigences du patronat, il leur avait vite cédé.

Les poussins, comme leur nom le suggère, sont des patrons minuscules, « autoentrepreneurs ». Si certains d'entre eux se considèrent comme des patrons en herbe, d'autres sont d'anciens salariés qui n'ont guère eu d'autre choix pour survivre que d'adopter ce statut, d'autant que, dans le contexte de la crise, bien des patrons poussaient leurs salariés dans cette direction. Ce n'est pas un hasard si ce statut particulier a été mis en place par la droite en 2009, dans la foulée de la crise de 2008. C'était une façon de modérer la crue du chômage.

Le statut d'autoentrepreneur vise à faciliter la création de très petites entreprises avec un régime fiscal avantageux. Il permet, à un salarié à temps partiel ou à quiconque, de gagner un complément de revenu. Quant à celui qui rêve de créer « son » entreprise, c'est un moyen de tester ce projet sans trop de risque. Ces autoentrepreneurs seraient aujourd'hui 900 000.

Or, avec la crise, le patronat du bâtiment est monté au créneau, dénonçant la « concurrence déloyale » dont seraient responsables les autoentrepreneurs, nombreux dans ce secteur d'activité. Le gouvernement a donc réagi et, vendredi 30 mai, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a laissé entendre que la réforme qui prévoit de limiter le statut des autoentrepreneurs dans le temps (d'un an à cinq ans) serait limitée au secteur du bâtiment. « Pas d'inquiétude », a-t-il ajouté en direction des autres secteurs. Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve était lui aussi rassurant : la réforme ne se ferait qu'« à la marge ». Le gouvernement semblait donc vouloir satisfaire les patrons du bâtiment en réduisant la prise de bec avec les poussins.

Mais, depuis, la ministre de l'Artisanat Sylvia Pinel a déclaré que « la réforme n'est pas abandonnée ». Selon elle, les propos de Jean-Marc Ayrault auraient été tronqués. Plusieurs secteurs resteraient concernés, pas seulement le bâtiment. Et pas question de céder à la demande de la fédération des autoentrepreneurs qui voulait voir ce dossier confié à la ministre des PME, Fleur Pellerin, jugée à tort ou à raison plus favorable. Les poussins devraient être fixés bientôt sur leur sort.

Pour ne pas s'en prendre au grand patronat fauteur de chômage, les gouvernements successifs ont multiplié les dispositifs et les statuts particuliers destinés à en amortir l'impact. Ce n'est qu'une source de contradictions de plus entre les uns et les autres, qui rend chaque arbitrage un peu plus difficile. Et les poussins sont en train de réaliser qu'ils seront plus ou moins bien traités selon la couvée dont ils sont issus.

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