Chine : Incendie dans un abattoir de volaille... Le feu tue, le capitalisme aussi05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : Incendie dans un abattoir de volaille... Le feu tue, le capitalisme aussi

L'incendie qui s'est déclenché le 3 juin à 6 heures du matin dans l'abattoir de poulets Jilin Baoyuanfeng, situé dans la périphérie de Dehui, à 800 kilomètres au nord-est de Pékin, a causé la mort d'au moins cent vingt travailleurs, essentiellement des femmes. Plusieurs dizaines d'autres ont été blessés et d'autres corps étaient encore vraisemblablement ensevelis sous les décombres.

Sur les 1 200 employés de l'abattoir, 300 à 350 étaient semble-t-il présents dans les locaux à cette heure de changement d'équipe. Selon différentes sources locales, une explosion due à l'ammoniac utilisé dans le système de refroidissement, ou encore un court-circuit, aurait provoqué l'embrasement rapide de l'usine. Pourtant récent, le bâtiment était dangereux, ne serait-ce qu'en raison des matériaux d'isolation inflammables dont les cloisons étaient recouvertes, pour maintenir la température à des valeurs compatibles avec la découpe et le conditionnement des 67 000 tonnes de poulet livrées chaque année dans vingt villes.

Le lendemain de l'incendie, le 4 juin, une manifestation de colère des proches des victimes avait lieu à Dehui. Les participants, accusant l'employeur d'avoir bafoué les règles minimum de sécurité, y ont dénoncé les conditions de travail des ouvrières, notamment l'exiguïté des couloirs de circulation. Plusieurs témoignages ont même accusé les responsables de maintenir la majorité des issues verrouillées pendant le travail, dans le but d'empêcher les travailleurs d'aller prendre l'air à l'extérieur. Seule une petite porte semble avoir été maintenue ouverte, ce qui, dans le mouvement de panique provoqué par l'embrasement et l'extinction de l'éclairage, a causé la mort de tous ceux qui étaient restés pris au piège, une centaine d'ouvrières seulement ayant pu s'échapper.

Dans la zone d'agro-industrie de Dehui, Jilin Baoyuanfeng n'est pas la plus grande firme mais, là comme ailleurs, les patrons considèrent la sécurité des ouvriers comme totalement secondaire, et passant bien après la productivité. La sécurité anti-incendie, notamment, est totalement ignorée dans une grande partie des usines de Chine, qu'il s'agisse des issues, des équipements de sécurité ou des exercices proposés au personnel. Les patrons, la plupart du temps, bénéficient de l'aveuglement volontaire d'autorités locales corrompues, pour faire produire au mépris de la santé et de la vie de leurs employés. Le secteur le plus souvent cité sur la liste noire des accidents mortels est celui des mines de houille. Le nombre d'incendies relevé sur les chantiers et dans les usines agro-industrielles est cependant en croissance : selon les autorités chinoises elles-mêmes, 125 400 incendies au travail avaient été recensés en 2011, entraînant la mort de plus de 1 100 personnes.

Et l'appétit des capitalistes de l'abattage, pour rattraper les ventes de poulets ralenties en avril et mai par l'apparition d'un nouveau virus aviaire, n'a sans doute pas amélioré les conditions de travail des ouvrières de Dehui.

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