Portugal : Le rejet de l'austérité05/06/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/06/une2340.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal : Le rejet de l'austérité

Au Portugal, il n'est guère de jour sans manifestation contre les mesures d'austérité imposées par le gouvernement. Les attaques répétées contre les retraités, les chômeurs, les fonctionnaires et tous les salariés ont en effet du mal à passer.

Les mouvements n'ont pour le moment pas retrouvé l'ampleur des manifestations du 15 septembre ou de la grève générale du 14 novembre derniers. Pourtant la contestation est générale et s'exprime aussi bien au niveau d'entreprises isolées, de villes, de quartiers, de professions, qu'au niveau national.

Dans la période récente, la confédération syndicale CGTP, liée au PC, a manifesté le samedi 25 mai pour demander la démission du Premier ministre. Jeudi 30 mai, saisissant l'occasion du premier des quatre jours de congé supprimés à l'automne dernier, elle appelait à des grèves et des manifestations sur le thème « Libérer le Portugal de l'austérité ». Le métro de Lisbonne a été paralysé et de nombreux arrêts de travail se sont produits à la Poste, menacée de privatisation. La direction du syndicat présentait la journée comme un test « en vue d'une lutte plus générale ».

Samedi 1er juin après-midi, c'était au tour des collectifs « Que la Troïka aille se faire voir », à l'origine des manifestations du 15 septembre, d'appeler à manifester à Lisbonne, à Porto et dans une quarantaine de villes sous le slogan « Unis contre la Troïka ». Car cette Troïka, composée de représentants de l'Union européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international, est largement considérée, y compris à droite, comme la responsable de la politique d'austérité imposée au pays.

Par ailleurs la confédération UGT, dont la direction est liée au Parti socialiste et à la droite, est en discussion avec la CGTP en vue d'une grève générale unitaire. La dernière remonte à novembre 2010 et s'opposait à un plan d'austérité lancé alors par le gouvernement socialiste. Le dirigeant de l'UGT a beau affirmer qu'il n'est pas contre l'actuel gouvernement de droite et qu'il attaque seulement la Troïka et les restrictions budgétaires, une telle grève serait pour le Premier ministre Passos Coelho un désaveu cinglant, au moment où l'économie recule de 2,7 %, où le chômage atteint 18 % et où la consommation alimentaire recule pour la première fois depuis 1974.

Du côté des partis politiques, le PS relève la tête et prend la direction de l'opposition, où il retrouve le PC et le Bloc de gauche. De leur côté certaines personnalités de droite, d'anciens ministres et l'ancien président de la République Mario Soares regrettent le bon temps du Bloc central de 1983-1985, lorsque le PS et le parti de droite PSD assuraient ensemble la stabilité gouvernementale. Tous visiblement se positionnent pour tenter de jouer un rôle, en constatant l'ampleur du mécontentement. Mais ni le retour de la gauche aux affaires ni une alliance gouvernementale gauche-droite n'apporteraient aux classes populaires une quelconque amélioration. Elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour riposter à la politique d'austérité, en battant en brèche le pouvoir de la bourgeoisie.

Partager